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SIMMONDS POSY (1945- )

Rosemary Elizabeth – dite « Posy » – Simmonds est née le 9 août 1945 à Cookham Dene, près de Maidenhead, dans le Berkshire. Après des études de français à la Sorbonne et de dessin à la Central School of Art de Londres, elle devient en 1968 dessinatrice de presse, et commence en 1972 une collaboration avec le quotidien The Guardian. Elle y crée notamment en 1977 la bande dessinéeThe Silent Three, dont un des personnages est un professeur de sociologie, George (et non Max !) Weber ; elle s'y moque des milieux « intellectuels de gauche », qui constituent la majeure partie du lectorat de ce journal (sans doute peut-on voir dans ce paradoxe l'influence de Claire Bretécher, qui publiait alors Les Frustrés dans Le Nouvel Observateur). En 1981 paraît True Love, satire des B.D. sentimentales en vogue dans les illustrés britanniques pour adolescentes. Parallèlement à ces séries destinées à des adultes, Posy Simmonds écrit et dessine des livres pour les tout-petits, comme Fred (1987), histoire d'un chat qui mène le jour une vie très ordinaire, mais la nuit devient une star. Trois de ces ouvrages pour les jeunes enfants ont été traduits en français (Lulu et les bébés volants, Mariage au chocolat et Le Buffle en colère) ; ils sont aujourd'hui épuisés.

C'est en 1999 que paraît Gemma Bovery, d'abord en feuilleton dans The Guardian (comme Tamara Drewe, qui suivra en 2005-2006), puis en volume chez l'éditeur Jonathan Cape. Dans un pays où la bande dessinée est généralement assimilée à un genre enfantin, le succès est inhabituel : 20 000 exemplaires sont vendus, suivis d'une édition en livre de poche. Des critiques évoquent William Hogarth, l'hebdomadaire américain Newsweek regrette que le livre n'ait pas été retenu pour le Booker Prize. En France, Denoël publie Gemma Bovery l'année suivante et, au festival d'Angoulême, en janvier 2001, Posy Simmonds inaugure une exposition de ses planches originales.

Gemma Bovery est une œuvre novatrice, d'abord dans la forme. Posy Simmonds y joue de toutes les relations possibles entre un texte et des dessins : roman illustré, histoire en images, bande dessinée avec dialogues dans des ballons. L'auteur utilise le procédé le plus adapté à ce qu'elle veut exprimer, n'hésitant pas à recourir à ces différents modes de narration au sein d'une même page, explorant les terrae incognitae situées entre ces deux mondes bien définis (et peut-être finis ?) que sont le roman et la bande dessinée. L'ouvrage mêle donc différentes techniques, mais aussi différents points de vue. Le narrateur est l'un des personnages principaux, Raymond Joubert, écrivain raté devenu boulanger, lecteur du journal intime de Gemma Bovery. Cependant, Posy Simmonds intervient parfois en tant que narratrice omnisciente, rompant le « je » de Joubert ou du journal intime.

Un aspect évident de l'œuvre – il n'est qu'à lire le titre – est le lien qu'elle entretient avec le roman de Gustave FlaubertMadame Bovary. Mais cet aspect n'est pas fondamental, car le récit de Posy Simmonds se suffit à lui-même, alors qu'une parodie n'a aucun sens pour qui ne connaît pas la version originelle. Certes, dans l'histoire de Gemma Bovery, on retrouve, transposés dans notre époque, les grands traits de la vie d'Emma Bovary : lassée de ses problèmes conjugaux, la jeune Anglaise quitte Londres et s'installe dans une petite ville de Normandie (le Yonville de Flaubert est devenu Yawnville, c'est-à-dire « Bailleville »), où elle s'enthousiasme pour le mode de vie français. Mais l'indifférence des habitants, le climat humide, les problèmes d'argent et une aventure amoureuse frustrante avec un jeune aristocrate oisif la désespèrent à nouveau. Posy Simmonds s'amuse à quelques « correspondances » (la scène du fiacre entre Emma et Rodolphe se répète dans une fourgonnette[...]

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