ACHAT POUVOIR D'
L'expression « pouvoir d'achat » est fréquemment utilisée dans la vie courante. Les médias, les responsables politiques, les représentants syndicaux et d'autres acteurs de la vie publique commentent ses évolutions, souvent en insistant sur les baisses. Les individus eux-mêmes font état de leur sentiment sur le sujet, à nouveau en pointant plus volontiers les reculs que les augmentations. Pourtant les données macroéconomiques révèlent parfois des ralentissements de pouvoir d'achat, mais très rarement des diminutions. Outre des décalages fréquents en statistique entre réalité objective et perception subjective, une des raisons de ces divergences est que le terme pouvoir d'achat est en lui-même relativement mal défini. Cette absence de référentiel commun est une source d'ambiguïté lorsque l'on utilise cette expression dans la vie courante : chacun utilise la même terminologie, mais sans nécessairement lui donner le même contenu.
Le sens générique de pouvoir d'achat renvoie à la quantité de biens ou de services qu'il est possible d'acheter avec un montant d'argent donné. Mais l'origine de ce montant est souvent disparate. On assimile ainsi fréquemment le pouvoir d'achat des salaires à celui des salariés, celui des retraites à celui des retraités, ou celui des médecins aux évolutions en monnaie constante des honoraires. Pourtant les salariés vivent rarement seuls, ou du moins dans une famille où ils sont les seuls actifs. Ils bénéficient en outre fréquemment de prestations qui viennent abonder leurs ressources. Dans ces conditions, il convient de bien préciser à quel montant d'argent on se réfère lorsque l'on parle de pouvoir d'achat ou, comme c'est le cas le plus fréquent, d'évolution du pouvoir d'achat.
Les comptes nationaux fournissent un cadre comptable cohérent qui permet de définir un concept de pouvoir d'achat internationalement utilisé : le revenu disponible brut des ménages corrigé de la hausse des prix. Mais ce cadre macroéconomique ne décrit pas les situations individuelles. En premier lieu, il ne prend pas en compte les évolutions démographiques, par exemple le nombre de personnes qui se partagent le revenu. En deuxième lieu, il ne distingue pas les différentes catégories de ménages (salariés, indépendants, retraités...), dont les évolutions de revenu ou de prix peuvent s'écarter de la tendance d'ensemble. Enfin, il occulte le fait que les évolutions individuelles de revenu sont extrêmement différenciées.
Évolutions macroéconomiques et situations individuelles
Le revenu disponible brut
Les comptables nationaux ont mis au point une définition non ambiguë du pouvoir d'achat, partagée par l'ensemble des pays qui établissent des comptes. Ils définissent en premier lieu le revenu disponible brut des ménages. Pour l'obtenir, ils retranchent ou ajoutent les revenus provenant des opérations de redistribution, impôts directs, cotisations et prestations sociales aux revenus résultant de la répartition de la valeur ajoutée, essentiellement la rémunération des salariés, les revenus des entrepreneurs individuels et les revenus du patrimoine. Le pouvoir d'achat, au sens des comptes nationaux, est celui de ce revenu disponible brut, corrigé de la hausse des prix à la consommation des ménages par rapport à une année de référence. Il renvoie à l'évolution réelle de la totalité des revenus perçus par les ménages, et non de tel ou tel revenu catégoriel (salaires, retraites...).
Mais ces évolutions macroéconomiques ne renseignent que partiellement sur la situation des personnes, cela pour différentes raisons. La plus évidente est que la population française s'accroît ; par conséquent, le pouvoir d'achat du revenu disponible brut augmente moins rapidement par individu que pour l'ensemble de l'économie française.[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Stéfan LOLLIVIER : directeur des statistiques démographiques et sociales, I.N.S.E.E.
Classification
Médias
Autres références
-
CAPITALISME - Sociologie
- Écrit par Michel LALLEMENT
- 3 521 mots
- 2 médias
...Au cours des Trente Glorieuses, le marché des biens durables bénéficie à la fois des économies d'échelle qu'autorise la production en grande série et de l'augmentation du pouvoir d'achat des ménages. En France, la part des dépenses alimentaires dans le budget ouvrier passe de 60 p. 100 en 1930... -
CHANGE - Les théories du change
- Écrit par Hélène RAYMOND-FEINGOLD
- 9 106 mots
- 1 média
... Le modèle monétaire à prix flexibles peut être considéré comme une généralisation au cadre international de la théorie quantitative de la monnaie. La théorie quantitative se situe dans un cadre national et prédit que le pouvoir d'achat domestique d'une monnaie est d'autant plus élevé que la... -
CRISES D'ACCÈS À L'ALIMENTATION
- Écrit par Laurence ROUDART
- 5 698 mots
- 6 médias
...entraîné aussi à Calcutta, grande ville du Bengale, l’installation d’usines d’armement, le recrutement de nombreux ouvriers et l’accroissement du pouvoir d’achat. La demande solvable en riz et en blé augmentant dans cette ville, les prix de ces deux denrées ont grimpé. En conséquence, pour les... -
ÉCONOMIE (Histoire de la pensée économique) - Keynésianisme
- Écrit par Olivier BROSSARD
- 8 244 mots
...donc en mesure, lorsqu'ils se présentent sur le marché du travail, d'exprimer une offre de travail qui soit fonction croissante du salaire réel. Le salaire réel, qui est égal au salaire nominal – celui qui est mentionné sur le contrat de travail et le bulletin de salaire – divisé par le niveau... - Afficher les 21 références