ACHAT POUVOIR D'
L'indice des prix à la consommation
La mesure du pouvoir d'achat fait intervenir les ressources, objet de la discussion précédente, mais également au dénominateur les prix des dépenses de consommation. L'outil de référence pour mesurer l'augmentation de ceux-ci est l'indice des prix à la consommation (I.P.C.). Depuis le début des années 2000 (et notamment depuis le passage à l'euro en 2002), celui-ci est suspecté de sous-estimer l'inflation, alors que dans les années 1990, l'interrogation portait davantage sur la surestimation, dans la foulée du rapport Boskin paru aux États-Unis en 1996. Par construction, l'I.P.C. mesure ce que serait l'évolution de la dépense d'un consommateur fictif dont le panier de consommation resterait rigoureusement inchangé entre deux années consécutives. Ce panier est certes renouvelé chaque année pour être le plus près possible des comportements, mais l'I.P.C. ne mesure pas, et ce n'est pas sa vocation, l'impact sur les dépenses des évolutions dans les comportements. Pour être concret, imaginons deux biens (un bien bon marché et un bien cher) dont les prix resteraient strictement les mêmes au cours du temps, et supposons que les consommateurs cessent de consommer le premier au bénéfice du second. Alors l'indice des prix resterait rigoureusement constant, alors que la dépense de consommation augmenterait en valeur.
La montée en gamme et sa perception
Dans la vie quotidienne, les personnes modifient leurs paniers de biens consommés. On ne sait pas mesurer l'impact de telles substitutions sur les budgets des ménages, mais elles contribuent vraisemblablement à accroître les coûts des biens consommés ; ces substitutions peuvent provenir :
– d'arbitrages des consommateurs eux-mêmes, comme par exemple préférer les pains élaborés aux pains de base ; ou encore acheter de nouveaux biens, parfois onéreux, avec des prix orientés à la baisse (informatique, photo numérique, téléphonie mobile...). Il s'agit d'arbitrages effectués par les ménages, qui pèsent sur leur budget, alors que l'indice des prix de chaque bien peut stagner, voire reculer. Pour être complet, il faut reconnaître que l'arbitrage peut être lui-même contraint, l'ancienne gamme de biens ayant disparu. C'est le cas pour les micro-ordinateurs, les modèles les plus anciens disparaissant des catalogues, ne laissant pas au consommateur le loisir de profiter de la baisse de prix retracée par l'indice ;
– de conséquences dans les changements de la réglementation, pour des raisons de sécurité, de santé, ou de protection de l'environnement. C'est alors la puissance publique, qui au travers d'une réglementation spécifique, impose le recours à ces nouveaux biens. On peut penser à l'obligation de recourir à un pot d'échappement catalytique, l'obligation faite aux assureurs d'inclure la couverture « catastrophes naturelles » dans leurs contrats, ou encore la prévention des risques domestiques. Il y a bien alors accroissement de la qualité des produits et services, mais avec un coût pour le consommateur, peu souvent évoqué mais réel, et par définition absent de l'I.P.C., puisque s'expliquant par une différence de qualité même si celle-ci n'est pas toujours directement quantifiable.
Ces gains de qualités, choisis ou imposés, ne sont toujours pas perçus comme tels par les personnes. Elles les assimilent à des hausses de prix, ce qui contribue à amplifier l'écart entre la hausse des prix perçus venant rogner le pouvoir d'achat, et celle mesurée dans les statistiques officielles. Il s'agit là d'un mécanisme dont l'importance ne saurait que s'accroître dans le futur. En effet, dans certains secteurs comme l'électronique, les renouvellements de gamme associés à des gains en qualité constituent le moteur essentiel[...]
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Écrit par
- Stéfan LOLLIVIER : directeur des statistiques démographiques et sociales, I.N.S.E.E.
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