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PRAGUE

Prague baroque

Église Saint-Ignace, Prague, C. Lurago - crédits : Bildarchiv Monheim/ AKG-images

Église Saint-Ignace, Prague, C. Lurago

Baroque, Prague l'est assurément et c'est son principal charme. Mais il faut dissiper bien des préjugés à ce propos : celui d'un art importé dans un pays vaincu, privé de ses libertés politiques, converti de force au catholicisme et où une noblesse étrangère remplaçait l'ancienne aristocratie locale. Sans doute, la révolte de 1618 fut suivie de représailles tragiques, d'émigrations massives et d'un renforcement du régime seigneurial, mais au profit des nobles tchèques, s'ils restaient catholiques. Car l'intention dominante de Ferdinand II (1618-1637) était de ramener le pays à l'ancienne foi : la question de nationalité ne se posait pas alors dans les termes du xixe siècle. En outre, l'art de Vignole et celui de Vincenzo Scamozzi (porche du château royal, 1614) avaient fait leur apparition, avant la révolte, parfois pour une clientèle protestante (temples luthériens), et peut-être le baroque se fût-il développé, même sans la bataille de la Montagne Blanche. D'autre part, le baroque de Prague n'est pas un ; il présente des phases successives, dues aux influences de différentes écoles italiennes. Une importante coupure est fournie par la date de 1648 et le retour à la paix. Pendant la guerre de Trente Ans, un personnage à la destinée exceptionnelle, Wallenstein, a doté Prague de son premier grand palais baroque (1623-1630). Si la façade demeure assez traditionnelle, en revanche, la salle des fêtes occupant deux étages, et plus encore la splendide loggia à arcades, ainsi que le jardin lui-même avec la grotte de rocaille et les statues de bronze d'Adrien de Vries attestent le goût nouveau : il s'agit d'un baroque païen en marge des préoccupations religieuses qui dominent cette société. Dans les mêmes années, la façade des Carmes déchaussés adopte le modèle de l'église romaine de Soria, placée elle aussi sous le vocable de la Vierge des Victoires. Avec le peintre Karel Skréta, protestant né à l'ombre du Tyn en 1610 et revenu à Prague vers 1638, converti au catholicisme après dix ans passés en Italie, la liaison s'établit entre le baroque italien et l'inspiration bohême. Admirable portraitiste, il fut aussi peintre religieux et évoqua, avec amour, l'histoire de saint Wenceslas (couvent de Zderaz). Il fonda un atelier et laissa un exemple durable.

Si Prague ne connaissait plus alors la floraison d'œuvres littéraires ou savantes en langue nationale, elle devait demeurer pour un siècle, un foyer de création artistique par ses peintres, ses sculpteurs et ses musiciens. Après 1648, les jésuites achèvent la construction de leur collège de la Vieille Ville (le Klementinum) et entreprennent d'en élever un autre dans la Nouvelle Ville, sur tout un côté de la large place : ces façades longues, rythmées de pilastres à chapiteaux, produisent un effet de puissance (architecte : Carlo Lurago). Les églises sont précédées de portiques dans un goût nouveau. Une autre étape de l'architecture civile est due à une fantaisie de grand seigneur, non plus guerrier, mais homme de cour : Humprecht Cernín. L'architecte Francesco Carrati lui construit un palais colossal, d'ordre palladien, avec de gigantesques demi-colonnes (1669).

Pont Charles à Prague (République tchèque) - crédits : Insight Guides

Pont Charles à Prague (République tchèque)

Vers 1680, un architecte français, Jean-Baptiste Mathey, formé dans la Rome de Bernin, donne à la Prague baroque un élément qui lui manquait encore : la coupole (Saint-François-Séraphin). Les palais qu'il construit (Thun aux Hradčany, Bucquoy à Malá Strana, remanié au xviie siècle) ont la distinction parfaite du Seicento romain. Les années 1680 à 1740 correspondent à la grande période baroque. Les églises étaient enrichies à profusion de retables, de statues de saints, de tabernacles. Du gigantesque retable emplissant le chœur de Sainte-Marie-des-Neiges (première moitié du siècle),[...]

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Écrit par

  • : directrice d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • : membre de l'Institut, professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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Médias

Tchèque (République) : carte administrative - crédits : Encyclopædia Universalis France

Tchèque (République) : carte administrative

Rivière Vltava à Prague, République tchèque - crédits : Commission européenne

Rivière Vltava à Prague, République tchèque

<it>Allégorie de la Paix, de l'Art et de l'Abondance</it>, H. Aachen - crédits :  Bridgeman Images

Allégorie de la Paix, de l'Art et de l'Abondance, H. Aachen

Autres références

  • ART DE COUR

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    Au contraire, des programmes politico-artistiques de Charles IV, roi de Bohême en 1346, empereur d'Allemagne en 1347, presque tout demeure : dans la nouvelle Prague, conçue comme une nouvelle Rome, surpassant Avignon, et dont le plan couvre trois cent soixante hectares, le palais royal construit sur...
  • BAROQUE

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    ...un officier noble ambitieux accumula, par l'intrigue et la spéculation, une immense fortune et l'employa en partie à des constructions (son palais de Prague vers 1630, le premier dans la série des résidences fastueuses que les nobles devaient construire en ville, et qui se distingua par l'ampleur des...
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