PRAXITÈLE (env. 390-env. 335 av. J.-C.)
Sculpteur grec, fils du sculpteur athénien Céphisodote l'Ancien. Les textes attribuent à Praxitèle de nombreuses statues exécutées pour Athènes sa patrie, aussi bien que pour Olympie, Mantinée, la Béotie, la côte et les îles d'Asie Mineure, mais ils ne permettent pas d'entrevoir précisément le développement chronologique de sa carrière. Praxitèle travaille le bronze mais marque une nette préférence pour le marbre, matériau dans lequel il réalise la plupart de ses œuvres. L'ornementation polychrome qui les parachève est due au peintre Nicias. Praxitèle s'attache à traiter l'adolescence, le nu viril au repos et l'épanouissement féminin. Le Satyre verseur est vraisemblablement son œuvre la plus ancienne. Par sa matière, le bronze, sa présentation frontale et son thème même, elle demeure assez proche des réalisations de Polyclète, mais le balancement oblique des bras crée un rythme nouveau. Le Satyre au repos, dont le succès a été considérable à l'époque romaine, marque définitivement la rupture avec le premier classicisme et annonce la réalisme de l'époque hellénistique. L'attitude générale du corps est doublement oblique : le pied droit se place derrière le talon gauche et fait basculer le bassin à droite vers le tronc d'arbre sur lequel est accoudé le jeune faune dont la main gauche retient, à la hauteur de la hanche, la peau de panthère qui le couvre en partie. La tête, légèrement inclinée vers la gauche, accompagne la ligne des épaules qui contrarie celle du bassin. Sous une épaisse chevelure, le visage, large, est empreint d'une expression rêveuse que soulignent le regard baissé et la bouche entrouverte qui se fige en un sourire.
Avec l'Apollon Sauroctone, Praxitèle recourt au pittoresque : le jeune dieu joue avec un lézard placé sur un tronc d'arbre. Cette composition paraît fortement influencée par la peinture : la complexité même du mouvement des courbes et des contre-courbes du corps, développées en plusieurs plans, apparente le Sauroctone à une œuvre graphique.
La nouveauté de l'interprétation que fait l'artiste de l'iconographie divine est encore plus frappante dans l'Aphrodite de Cnide, conçue vers ~ 350. Pour la première fois, Praxitèle représente une déesse nue, au bain comme une simple mortelle. Mais cette création insolite s'explique par la cité de Cnide où le culte que l'on rendait à l'Aphrodite purement grecque se mêlait encore au rite cypro-phénicien de l'antique Astarté.
La statue d'Hermès portant Dionysos enfant, dont une excellente copie a été retrouvée à Olympie, se situe à la fin de la carrière de Praxitèle et marque un retour aux formes fixées par Polyclète. La disproportion entre les deux personnages représentés ainsi que l'expression langoureuse du regard d'Hermès atténuent cependant l'intensité du thème illustré.
La transformation de l'idéal viril, de l'iconographie divine, l'adoucissement de la forme classique, le réalisme sensible des attitudes ainsi que l'introduction du pittoresque caractérisent l'œuvre de Praxitèle et en font un art subtil qui influencera grandement les productions de Tanagra tout autant que les créations de la grande plastique hellénistique. La multitude des répliques d'époque romaine atteste la permanence de la célébrité du sculpteur.
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Écrit par
- Martine Hélène FOURMONT
: archéologue, rédacteur en chef de la
Revue archéologique , ingénieur du C.N.R.S., Institut de recherche sur l'architecture antique, Centre de documentation photographique et photogrammétrique
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