PRÉCOLOMBIENS Amérique du Sud
L' Amérique du Sud précolombienne recouvre une vaste aire géographique composée de l'aire andine centrale (le Pérou et la Bolivie), l'aire intermédiaire (le Venezuela, la Colombie et l'Équateur) et l'aire périphérique, qui comprend notamment les îles des Caraïbes. Malgré leur extrême diversité, les civilisations précolombiennes d'Amérique du Sud présentent un grand nombre de caractéristiques communes, comme une économie fondée sur l'agriculture et des rituels en grande partie liés à la fertilité des cultures, parmi lesquels un fort intérêt pour l'astronomie qui permit l'élaboration du calendrier des semailles et des récoltes.
L'Amérique du Sud préhistorique
Si l'on conserve au mot « préhistoire » son sens le plus courant : « histoire de l'humanité depuis les temps les plus reculés jusqu'à l'apparition des premiers témoignages écrits » (M. Brézillon, 1969), la préhistoire sud-américaine ne prend fin qu'au début du xvie siècle avec l'arrivée des premiers navigateurs et des conquistadores européens ; en effet, aucun témoignage indubitable d'un système d'écriture quelconque n'a jusqu'ici été retrouvé en Amérique du Sud, et notre connaissance des civilisations précolombiennes se fonde essentiellement sur l'interprétation des vestiges matériels. Il est donc nécessaire de choisir ici un autre critère, qui sera l'apparition des premières sociétés dites complexes, sédentaires, à l'organisation sociale élaborée et hiérarchisée, à l'économie fondée sur l'agriculture et/ou l'élevage et utilisant, pour la plupart d'entre elles, la poterie.
Des origines aux sociétés complexes
La préhistoire du continent sud-américain constitue par ailleurs un champ d'étude très différent de celui qui est offert par l'Ancien Monde. Il s'agit, en effet, d'une expérience qui eut lieu en vase clos, au contraire de ce qui s'est passé en Europe et en Asie, où actions et réactions des groupes préhistoriques aux mêmes époques ont été multiples et souvent difficiles à démêler. En Amérique, les premiers occupants ont vu s'ouvrir devant eux un continent vide, aux paysages et à la faune non encore modifiés par l'homme, non soumis à des influences culturelles extérieures. Cet univers intact présentait des milieux naturels fortement tranchés auxquels l'homme dut s'adapter relativement vite mais sans avoir à subir, du moins au début, la concurrence d'autres groupes. Par ailleurs, le peuplement de l'Amérique est un phénomène très récent, comparé à celui de l'Ancien Monde. S'il semble désormais difficile de refuser à l'homme américain une ancienneté d'au moins 30 000 ans, nous sommes loin des 3 millions d'années de l'Homo habilis est-africain, et les premiers hommes américains étaient déjà des Homo sapiens sapiens. Troisième différence enfin avec l'Ancien Monde, la science préhistorique est en Amérique une science très jeune. Certes, des trouvailles d'« homme fossile » et d'espèces animales disparues avaient eu lieu dès le milieu du xixe siècle (travaux de W. P. Lund au Brésil), au moment même où, en France, J. Boucher de Perthes publiait ses Antiquités celtiques et antédiluviennes. Les découvertes de Lund venaient trop tôt, les esprits n'étaient pas encore mûrs pour admettre l'idée d'un homme préhistorique américain alors que la notion commençait à peine à être acceptée en Europe. Quant aux travaux de l'Argentin F. Ameghino, qui prétendit, vers 1870, avoir découvert dans la pampa un « homme tertiaire », ils eurent pour résultat, et pour plusieurs années, de jeter le discrédit sur l'antiquité de l'homme dans le Nouveau Monde. L'anthropologue A. Hrdlicka[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-François BOUCHARD : directeur de recherche au C.N.R.S.
- André DELPUECH : conservateur en chef du Patrimoine, responsable des collections des Amériques
- Danièle LAVALLÉE : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
- Dominique LEGOUPIL : directrice de recherche au C.N.R.S., UMR 7041 ethnologie préhistorique
- Stéphen ROSTAIN : archéologue, chargé de recherche au C.N.R.S.
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
AGUADA CULTURE
- Écrit par Susana MONZON
- 373 mots
-
AGUADA FÉNIX, site archéologique
- Écrit par Éric TALADOIRE
- 2 830 mots
- 3 médias
Le site prémaya d’Aguada Fénix (Tabasco, Mexique) a été révélé au public en 2017. Son identification repose sur l’analyse, par l’archéologue Takeshi Inomata (université de l’Arizona), de relevés lidar de l’Instituto Nacional de Estadística y Geografía (INEGI), originellement destinés à l’étude de...
-
AMÉRINDIENS - Hauts plateaux andins
- Écrit par Carmen BERNAND
- 4 689 mots
Avant l'arrivée des Espagnols, les vallées d'altitude de la Cordillère des Andes étaient habitées par des groupes ethniques qui reconnaissaient des lignées ancestrales spécifiques, possédaient leurs propres sanctuaires et lieux sacrés désignés sous le nom générique huacas, portaient... -
AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie
- Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER , Danièle LAVALLÉE et Catherine LEFORT
- 18 105 mots
- 9 médias
Examinons maintenant les faits archéologiques et les différentes hypothèses qu'ils étayent avec plus ou moins de bonheur. Actuellement, trois thèses s'affrontent. Quelques chercheurs suggèrent une arrivée très ancienne, antérieure à la première crue froide du Wisconsin vers — 70 000 ou durant cette... - Afficher les 98 références