PRÉCOLOMBIENS Le peuplement initial des Amériques
Une origine asiatique pré-mongoloïde antérieure aux Amérindiens ?
Dans l'ensemble des Amériques, aucun reste humain n'a encore été associé au stade antérieur, à bien des égards encore hypothétique car attesté essentiellement par un outillage lithique constitué de galets ou d'éclats de galets aux retouches imprécises, et dépourvu de pointes de projectiles, d'où son nom de stade « Préprojectile » (Pre-projectile point). Mais à la fin du xxe siècle, en différents endroits, des fouilles soigneuses et menées selon une approche multidisciplinaire ont révélé des gisements, dont les industries sont différentes du Paléoindien et antérieures à celui-ci.
En Amérique du Nord, ce fut d'abord l'abri de Meadowcroft en Pennsylvanie (environ 17 000 B.P.), puis ceux de Topper en Caroline du Sud et de Cactus Hill en Virginie (environ 17 000 B.P. ?), ainsi que quelques sites d'Alberta au Canada qui remonteraient à plus de 20 000 ans, toujours sur la foi d'assemblages lithiques frustes et de stratigraphies qui restent contestées. En 1996, la découverte fortuite, dans l'état de Washington, du squelette complet et parfaitement conservé de l'Homme de Kennewick, qu'une série de datations au carbone 14 (14C) non contestées place vers 9 500 B.P., accéléra brusquement la remise en question des théories dominantes. D'une part, son examen préliminaire montrait qu'il ne présentait pas les caractères mongoloïdes habituels des squelettes amérindiens, d'autre part, en vertu de la loi de 1990 Native American Graves Protection and Repatriation Act (N.A.G.P.R.A., Protection des tombes des indigènes américains et l'Acte de rapatriement), il fut soustrait à toute étude scientifique ultérieure à la demande de cinq nations amérindiennes. Ce fut l'occasion pour les archéologues de contester farouchement devant les tribunaux l'application d'une loi qui les empêchait de vérifier toute hypothèse offrant une alternative à la théorie de l'origine mongoloïde des Amérindiens et qui, en conséquence pouvait invalider les fondements archéologiques du N.A.G.P.R.A. Finalement, après de longues procédures judiciaires, les archéologues finirent par gagner en 2005 le droit d'étudier l'Homme de Kennewick.
En Amérique du Sud, la découverte, en 1977, du campement de plein air de Monte Verde, situé sur la façade des Andes sud du Chili et bien daté de 12 500 B.P., démontra à l'évidence que l'homme était présent en Amérique bien avant 12 000 B.P., ne serait-ce que pour avoir eu le temps de parcourir les quelque 15 000 kilomètres séparant le site du détroit de Béring. Deux gisements brésiliens ont par ailleurs livré des assemblages lithiques associés à des dates beaucoup plus anciennes (Pedra Furada et Santa Elina au Brésil seraient-ils antérieurs à 25 000 B.P. ?). Mais, dans les deux cas, la nature anthropique des objets lithiques comme les dates annoncées restent très contestées. Dans cette partie du continent comme en Amérique du Nord, les seuls restes humains fossiles sûrement datés proviennent tous de gisements dont l'occupation est postérieure à 12 000 B.P. Ce sont, par ordre croissant d'ancienneté : les restes mis au jour en Patagonie chilienne par Junius Bird en 1936 dans la grotte de Pall Aike (8 640 B.P.), ceux des sépultures de l'abri Tequendama en Colombie, fouillé par Gonzalo Correal, remontant peut-être à 9 000 B.P. pour les plus anciens ; au Brésil, les nombreux squelettes de Santana do Riacho (fouilles d'André Prous), datés d'entre 9 400 et 7 900 B.P., le squelette féminin de Barra do Antonião (fouilles de la mission Piaui), de 9 670 B.P. ; au Pérou, l'« homme de Paijan » mis au jour par Claude Chauchat dans le désert côtier nord, daté de 10 200 B.P. ; enfin, à nouveau au Brésil, un [...]
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Écrit par
- Danièle LAVALLÉE : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
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