Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PRÉCOLOMBIENS Le peuplement initial des Amériques

La question des voies empruntées

Une autre question est celle des voies qu'auraient empruntées ces différents flux de peuplement initiaux. L'hypothèse plus généralement acceptée jusqu'alors proposait une arrivée des populations pionnières par l'intérieur de la Béringie (pont terrestre émergé de la mer entre les deux continents, l'Amérique du Nord et l'Asie, durant la glaciation), juste avant la réouverture du détroit de Béring, et leur cheminement par un couloir interglaciaire dès que la régression des calottes glaciaires nord américaines sépara la calotte cordillérienne, à l'ouest, de l'inlandsis laurentidien qui couvrait, à l'est, le bouclier canadien jusqu'à l'Atlantique. Or il semble de moins en moins certain que ce couloir était ouvert dès 12 000 B.P. et de plus en plus douteux que ce long passage d'environ 1 200 kilomètres entre les glaciers, encombré de lacs, de marécages et de moraines, ait été praticable par l'homme et ait pu lui fournir les ressources nécessaires à sa subsistance. Les nombreuses recherches archéologiques effectuées depuis le milieu du xxe siècle dans la zone de ce couloir n'ont rien permis de trouver qui appuie l'hypothèse d'un premier peuplement venu par cet itinéraire. Au contraire, les plus anciens vestiges, attribués au Paléoindien et qui ne remontent pas à plus de 10 700 ans, comme à Charlie Lake en Colombie Britannique, combinés aux découvertes récentes de gisements paléoindiens en Alaska (l'ancienne Béringie orientale) appuient l'hypothèse qu'il y eut une remontée de chasseurs de bisons des Plaines vers l'Alaska en passant entre les masses glaciaires après 10 700 B.P. À ce moment-là le passage était considérablement élargi et parcouru par la faune.

Par ailleurs, les recherches océanographiques le long de la côte Nord-Ouest ont montré, contrairement à ce que l'on croyait établi auparavant, que les glaciers cordillériens laissèrent des zones côtières dégagées, d'autant plus qu'elles étaient élargies en raison de l'émersion du plateau continental. Des industries anciennes sur galets se trouvent sur les plages à marée basse, donc jusqu'en dessous du niveau actuel de la mer. Des vallées, des lits de rivières et des restes de forêts submergés jusqu'à une profondeur de 150 mètres ont été localisés et un éclat de taille en basalte de 10 centimètres de longueur a été remonté lors d'un sondage effectué à 53 mètres de profondeur au large de la Colombie britannique. Malgré l'absence, pour le moment, de témoin archéologique daté de plus de 11 000 ans (s'il en existe, ils sont aujourd'hui submergés), il semble qu'un passage le long de la côte fût possible depuis au moins 14 000 ans, comme il est aujourd'hui possible le long des côtes du Groenland. Enfin, de la côte nord-ouest de l'Amérique du Nord au Chili central, les indices archéologiques d'une exploitation des ressources maritimes très ancienne (antérieure à 11 000 B.P.) sont de plus en plus nombreux, ce qui appuie l'hypothèse de premiers flux de peuplement progressant par la côte du nord vers le sud plutôt que par l'intérieur. En Californie, où l'étroitesse du plateau continental laisse peu de place pour des sites submergés, les plus anciens gisements, postérieurs à 12 000 ans cependant, se trouvent sur des îles comme celle de Santa Rosa, qui ne furent jamais rattachées au continent. Les occupants maîtrisaient donc les techniques de navigation. Toute la côte ouest des Amériques, riche en mammifères et autres ressources maritimes, a sans doute attiré à la fin du Pléistocène des populations de chasseurs-pêcheurs qui essaimèrent peut-être de la zone d'adaptation maritime du Pacifique nord, s'étendant du Japon au pourtour de la mer d'Okhtosk et au-delà du Kamtchatka.[...]

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification

Autres références

  • AGUADA CULTURE

    • Écrit par
    • 373 mots

    Développée dans le nord-ouest de l'Argentine, dans la région qui s'étend depuis la vallée Calchaqui jusqu'au nord de la province de San Juan, la culture aguada se situe, chronologiquement, dans la période céramique moyenne, entre 650 et 850.

    L'économie aguada était basée sur...

  • AGUADA FÉNIX, site archéologique

    • Écrit par
    • 2 830 mots
    • 3 médias

    Le site prémaya d’Aguada Fénix (Tabasco, Mexique) a été révélé au public en 2017. Son identification repose sur l’analyse, par l’archéologue Takeshi Inomata (université de l’Arizona), de relevés lidar de l’Instituto Nacional de Estadística y Geografía (INEGI), originellement destinés à l’étude de...

  • AMÉRINDIENS - Hauts plateaux andins

    • Écrit par
    • 4 689 mots
    Avant l'arrivée des Espagnols, les vallées d'altitude de la Cordillère des Andes étaient habitées par des groupes ethniques qui reconnaissaient des lignées ancestrales spécifiques, possédaient leurs propres sanctuaires et lieux sacrés désignés sous le nom générique huacas, portaient...
  • AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie

    • Écrit par , et
    • 18 105 mots
    • 9 médias
    Examinons maintenant les faits archéologiques et les différentes hypothèses qu'ils étayent avec plus ou moins de bonheur. Actuellement, trois thèses s'affrontent. Quelques chercheurs suggèrent une arrivée très ancienne, antérieure à la première crue froide du Wisconsin vers — 70 000 ou durant cette...
  • Afficher les 98 références