PRÉCOLOMBIENS Méso-Amérique
Les arts et civilisation de l'Amérique moyenne
Le concept de Méso-Amérique, défini par Kirchhoff en 1943, désigne un ensemble culturel homogène au moment de la découverte du Nouveau Monde. Les civilisations qui occupent ce territoire partagent alors les mêmes traits, qui incluent aussi bien des pratiques agricoles et culinaires que des croyances, des expressions architecturales ou l'usage d'un calendrier. Cette aire comprend le sud de l'Amérique du Nord, soit environ la moitié méridionale du Mexique, une partie de l'Amérique centrale (Belize, Guatemala, Honduras, Salvador), et la Grande Nicoya (la côte pacifique du Costa Rica et du Nicaragua). Malgré une grande diversité interne, son homogénéité résulte d'une histoire de plus de trois millénaires, qui a donné à ces spécificités une cohérence fondamentale. Les traits définis par Kirchhoff sont étroitement imbriqués, de façon logique, ce qui se reflète dans l'organisation de l'espace, comme dans la vie quotidienne.
Un territoire immense et varié
Par-delà les découpages politiques actuels, cet immense territoire se caractérise par sa variété. Si l'ensemble mésoaméricain est situé au sud du Tropique, les différences d'altitude induisent l'existence de multiples environnements, de la forêt du Petén aux zones désertiques du Mexique central. Les volcans couverts de neiges éternelles du centre du Mexique dépassent 5 000 mètres. Le climat obéit à l'opposition entre saison sèche, d'octobre à mai, et saison des pluies, de juin à septembre. Mais l'orientation des vents et les barrières montagneuses entraînent des variations brutales dans le régime des pluies. La côte caraïbe, plutôt sèche, est victime de cyclones fréquents et destructeurs, alors que le Tabasco reçoit plus de 3 000 mm de précipitations. Quelques centaines de kilomètres plus au nord, les États mexicains du Guanajuato et du San Luis Potosi dépassent à peine le minimum de 500 mm de pluie indispensable pour l'agriculture. Quelques heures à peine suffisent parfois pour passer d'un univers à un autre : la cime neigeuse du Pico de Orizaba domine de ses 5 630 mètres les plaines du Veracruz, où abondent les forêts tropicales.
À cette hétérogénéité géographique répond, naturellement, une diversité culturelle. On ne compte pas moins de cinq groupes linguistiques principaux et une quinzaine de civilisations différentes y ont fleuri, sous des modalités multiples. À première vue, quels sont les points communs entre les Mayas des forêts tropicales et les agriculteurs guerriers des marges septentrionales, proches du nomadisme ? Ils partagent pourtant le même calendrier, la pratique du jeu de balle, le même goût pour le cacao, sans allonger inutilement cette liste. Cette unité est le fruit de la longue évolution qui commence au Préclassique ancien, vers 2000 avant J.-C., bien avant l'apparition de la première civilisation, les Olmèques.
Les Olmèques et leurs prédécesseurs
Par l'ampleur de leurs cités, et la maîtrise de leur art, les Olmèques dominent sans conteste le paysage culturel du Préclassique Moyen (1200-300 avant J.-C.), ce qui leur a valu la dénomination de civilisation mère de la Méso-Amérique. Ils ont, les premiers, édifié de gigantesques pyramides, comme celle de La Venta (30 mètres de haut), planifié leurs centres rituels, érigé des sculptures monumentales ou ciselé les précieux objets de jade. Peut-être même sont-ils les créateurs d'une écriture et du calendrier, même si ce point demeure controversé. Mais le développement de leur art s'inscrit dans une évolution antérieure, et l'adoption, par leurs voisins, de nombre de leurs innovations repose sur l'existence de communautés dynamiques, héritières de traditions locales.
Dès la fin du IIIe millénaire, des communautés villageoises sont implantées[...]
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
- Brigitte FAUGÈRE : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
- Éric TALADOIRE : professeur émérite des Universités
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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