PRÉCOLOMBIENS Méso-Amérique
L'Occident et le Centre nord
Les régions situées à l'ouest du bassin de Mexico ont longtemps été considérées comme marginales dans le contexte mésoaméricain. On les croyait sujettes à un développement tardif et plus simple. Leur rôle dans la formation de l'entité a donc été largement sous-estimé. Cette vision a changé avec l'intensification récente des recherches archéologiques.
Les conséquences culturelles d'une géographie accidentée
L'Occident du Mexique correspond aux états actuels de Jalisco, Nayarit, Colima et Sinaloa. Certains chercheurs considèrent qu'il englobe aussi le Michoacán. D'autres pensent que ce dernier ainsi que le Guanajuato et l'Aguascalientes constituent une zone culturelle distincte : le Centre nord. Sans entrer dans ce débat, il semble préférable de les envisager comme un tout car leur évolution présente de multiples points communs.
La géographie morcelée de la région offre une grande diversité de niches écologiques : vallées, montagnes, lacs, marécages, forêts et zones côtières, ce qui favorisa l'éclosion de communautés diverses qui, malgré une base culturelle commune, présentaient des caractéristiques propres. Mais la vallée du fleuve Lerma, qui traverse toute la région pour se jeter dans le Pacifique, facilita la circulation des gens, et avec eux, des objets et des idées. Localisée sur la frontière nord de la Méso-Amérique, cette zone fut aussi particulièrement importante pour les échanges avec les marges septentrionales.
La formation de l'entité culturelle
Pendant la période Préclassique ou Formative ancienne, vers 1810 avant J.-C., apparaît au Colima la culture dite Capacha, dont les seuls restes sont des céramiques funéraires. Malheureusement, les sépultures qui les abritaient furent pillées, empêchant l'analyse de leur contexte. La présence de vases à double panse, reliées par des goulots ou de vases à goulot en étrier, au décor incisé, évoque les récipients des cultures Valdivia et Machalilla en Équateur. Ces similitudes suggèrent l'existence de contacts le long de la côte du Pacifique. Mais la question n'a pas encore été tranchée, et l'on n'est pas en mesure de déterminer la route suivie. En tout cas, Capacha marque le début de la sédentarisation dans une région où évoluaient des peuples nomades, vivant de chasse et de cueillette. Profitant de la stabilité procurée par l'agriculture, un secteur de la population se consacrait à la fabrication des poteries.
À partir de 1500 avant J.-C., la Méso-Amérique connaît l'influence de la civilisation olmèque, considérée comme sa culture mère. Dans l'Occident et le Centre nord, l'absence de vestiges olmèques a amené les chercheurs à ne pas considérer les deux régions comme véritablement mésoaméricaines.
Vers 1360 avant J.-C., se manifeste dans l'état du Michoacán la culture El Opeño, dont les seuls vestiges sont des tombes souterraines, recouvertes de dalles et reliées à la surface par un escalier. Parmi les offrandes se trouvaient des figurines en terre cuite représentant des joueurs engagés dans le jeu de balle rituel caractéristique de la Méso-Amérique. On considère El Opeño comme l'antécédent de la culture des tombes à puits qui brillera dans le Jalisco, le Nayarit et le Colima à partir de 600 avant J.-C.
Teuchitlán et Chupícuaro, deux zones liées
On constate cependant une lacune des connaissances entre 1000 et 600 avant J.-C., période qui correspond au Formatif moyen. Mais le Formatif récent voit l'émergence rapide de deux foyers culturels : Teuchitlán et Chupícuaro. La présence d'une même architecture circulaire, de tombes à puits pratiquement inconnues dans le reste de la Méso-Amérique, et des similitudes dans le matériel céramique confirment l'existence de liens entre les deux zones. Il s'agit donc d'une phase de développement[...]
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Écrit par
- Rosario ACOSTA NIEVA : docteure en archéologie à l'université Paris I-Panthéon Sorbonne, chercheuse associée Universidad de Guadalajara (Mexique)
- Brigitte FAUGÈRE : maître de conférences à l'université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne
- Oruno D. LARA : professeur d'histoire, directeur du Centre de recherches Caraïbes-Amériques
- Éric TALADOIRE : professeur émérite des Universités
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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