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PRÉDATION

La prédation chez les invertébrés

Agélène (<it>Agelena labyrinthica</it>), araignée - crédits : Christoph Burki/ Getty Images

Agélène (Agelena labyrinthica), araignée

La chasse à l'affût. Elle utilise ou non des pièges, comme la toile d' araignée. Il nous faut signaler, à ce propos, que les insectes et les araignées sont les seuls animaux avec l'homme qui fabriquent des pièges. De tels engins n'existent ni chez les mammifères ni chez les oiseaux. Tout le monde connaît les toiles si caractéristiques des araignées, mais elles affectent une très grande variété de formes et de dispositions. Certaines espèces se bornent à construire une toile couverte de débris et appliquée contre le sol avec lequel elle se confond. Lorsqu'une proie vient à marcher dessus, l'araignée l'attaque par en dessous. D'autres toiles se composent d'un seul fil adhérant assez faiblement au sol par une sécrétion gluante. L'araignée, dissimulée un peu plus haut, le tient accroché à une de ses pattes et lui conserve une certaine tension. Lorsqu'un insecte heurte le fil, il l'arrache du sol, et le fil, formant ressort, enlève la proie et l'amène automatiquement à portée de l'araignée. Un pas de plus est franchi avec Mastophora : celle-ci extrait de ses filières postérieures, à l'aide d'une de ses pattes, un fil de soie qui se termine par une boulette gluante. Lorsqu'une proie vient à passer, elle fait tourner rapidement cette fronde minuscule et la lance sur la proie, à laquelle l'extrémité gluante reste collée. Nous pouvons parler ici d'un engin de chasse, autre qu'un piège. Ce type d'engin semble absolument unique dans le règne animal, l'homme excepté. Les insectes connaissent aussi des pièges en forme de trappes qui se dérobent brusquement sous les pas d'un autre insecte : les larves du joli coléoptère qu'est la cicindèle utilisent justement ce type de piège à l'extrémité supérieure de leur terrier vertical. On ne peut quitter le chapitre des pièges chez les insectes sans citer le cas extraordinaire de l'insecte Macronema, sorte de phrygane des fleuves d'Amérique du Sud, très bien étudiée par Sattler. La larve commence par construire un tube de sable à large pavillon dirigé dans le sens du courant. L'eau s'y engouffre avec les proies minuscules ou les débris alimentaires qu'elle peut apporter, puis ressort par l'extrémité opposée du tube, recourbée et dirigée dans le sens du courant. Mais les corps étrangers sont arrêtés par une toile verticale très fine, édifiée au-dessous du grand pavillon ; la larve se loge dans un autre tube vertical, juste au-dessous de la face de la toile dirigée vers l'amont : elle n'a plus qu'à sortir de temps à autre pour récolter ce qui s'est déposé sur la toile.

Existe-t-il chez les insectes des stratégies de chasse comme nous en rencontrerons chez les vertébrés ? On peut en trouver un exemple chez certaines fourmis, par exemple les Anomma chasseresses d'Afrique. Elles forment des colonies de plus de 20 millions d'individus et commencent par se répandre en nappe au-dessous de l'arbre qu'elles vont prospecter. Puis une colonne monte à l'assaut. En progressant depuis le tronc jusqu'à l'extrémité des branches les plus minimes, elle va en chasser toute la faune de l'arbre : les proies se laissent généralement tomber sur le sol où elles sont capturées par les fourmis. Nos fourmis rousses, en revanche, dont la seule source de protéines est constituée par la viande des insectes, ne paraissent pas posséder de stratégie particulière : il semble qu'elles appréhendent tout ce qui bouge ou même tout ce qui peut se transporter y compris des débris minéraux ; mais des équipes de trieuses rejettent hors du nid ce qui ne convient pas. Un autre type de stratégie se rencontre chez les « fourmis cadavres » comme Paltothyreus, remarquables par l'odeur[...]

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Écrit par

  • : professeur titulaire à l'université René-Descartes-Sorbonne

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Agélène (<it>Agelena labyrinthica</it>), araignée - crédits : Christoph Burki/ Getty Images

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