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PRÉDICAT, linguistique

Le terme « prédicat » a été repris par la linguistique à la tradition logique. Dès l'Antiquité, ce terme a été utilisé par les logiciens pour désigner l'attribut qui est prédiqué d'un sujet. Ainsi, dans le traité des Catégories, Aristote présente-t-il les dix catégories, c'est-à-dire les dix manières dont un attribut peut être prédiqué d'un sujet, dans le cadre d'une conception dite attributive de la proposition – où celle-ci est représentée comme l'attribution d'un prédicat P à un sujet S, selon le schéma « S est P ». Par la suite, tant au Moyen Âge qu'à l'époque classique (par exemple à Port-Royal), l'analyse logique sera étroitement associée à l'analyse grammaticale. C'est au verbe que l'on reconnaîtra le double rôle, d'une part, de fournir un prédicat au sujet et, d'autre part, d'assurer la liaison entre ce prédicat et ce sujet. C'est précisément pour marquer cette dualité que la tradition décomposait le verbe, afin d'énoncer séparément la copule « est » et le prédicat P : ainsi « l'homme court » était-il analysé comme « l'homme est courant », selon la même forme schématique que « l'homme est mortel » ou « l'homme est dans la maison ». Cette représentation unique de toutes les propositions élémentaires permettait de mettre en lumière la spécificité de la proposition, c'est-à-dire du discours déclaratif, porteur d'une assertion, et donc susceptible d'être vrai ou faux.

La reprise de cette approche logique par les grammaires a longtemps conduit celles-ci à ignorer la diversité des fonctions proprement syntaxiques, puisque l'analyse de la phrase en termes de sujet /prédicat ne laissait aucun résidu. C'est à Dumarsais et à Beauzée que l'on doit d'avoir introduit dans l'Encyclopédie, à la fin du xviiie siècle, la notion de complément.

En linguistique, le terme prédicat a connu des fortunes diverses. Certaines approches ont tenté de reformuler le prédicat comme une relation entre divers arguments : dans cette perspective, le sujet n'a plus de rôle prépondérant (puisqu'il ne s'oppose plus au prédicat). Il est simplement le premier argument de la relation prédicative. Ainsi, une phrase comme « Pierre a donné un livre à sa fille hier matin » ne sera plus analysée en termes binaires de sujet (Pierre) /prédicat (a donné un livre à sa fille hier matin), mais comme une relation prédicative, « donner » comportant trois arguments (Pierre ; un livre ; sa fille), plus un circonstant (hier matin). C'est une analyse de ce type que l'on trouve notamment chez Lucien Tesnière dans ses Éléments de syntaxe structurale, 1959. Pour lui, le prédicat est un terme particulier – généralement le verbe – qui, n'étant lui-même dépendant de rien, sert de clé de voûte à la phrase. De son côté, André Martinet, tout en identifiant lui aussi le prédicat à l'élément particulier de l'énoncé dont dépendent tous les autres, reconnaît la spécificité du sujet ; pour lui, l'énoncé-noyau (ou énoncé minimal) est constitué en français d'au moins deux termes : le prédicat et le sujet, ce dernier fonctionnant en quelque sorte comme un complément obligatoire (Éléments de linguistique générale, 1960).

Sujet logique, sujet grammatical

D'autres approches syntaxiques, au contraire, sont restées à certains égards très proches de la tradition logique. Ainsi la grammaire générative de Noam Chomsky, qui décompose toute proposition en deux grands groupes : le groupe nominal (sujet) et le groupe verbal. Dans sa théorie, le terme prédicat désigne à la fois la fonction générale de ce groupe verbal et, plus spécifiquement, celle du groupe nominal, prépositionnel ou adjectival qui peut suivre la copule[...]

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