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PRÉHISTOIRE Cannibalisme

Savoir si les populations paléolithiques et principalement les Néandertaliens pratiquaient ou non le cannibalisme est une question débattue en Europe depuis plus de cent ans. Les fouilles réalisées dans la Baume Moula-Guercy en Ardèche depuis 1991 ont apporté en 1999 des éléments nouveaux montrant que les Néandertaliens ont occasionnellement consommé leurs semblables. Cependant, les motivations qui sous-tendent ce comportement restent encore des hypothèses.

Arguments en présence

La découverte dans les niveaux d'habitat préhistorique de restes osseux humains fragmentés portant des traces de découpes ou des plages de calcination suscita, dès 1871, sous la plume d'Édouard Piette, des polémiques concernant l'existence du cannibalisme chez les populations paléolithiques. La plus célèbre de ces controverses est relative au site néandertalien de Krapina en Croatie. Pour les uns (notamment le principal fouilleur de la grotte, K. Gorjanovic-Kromberger, en 1906), la fragmentation et les stries observées sur quelques-uns des plus de 600 ossements exhumés (crânes fragmentaires, fragments de mandibule et d'os longs) traduiraient à l'évidence la désarticulation, la décarnisation et le bris des ossements pour récupérer la viande, la moelle et le cerveau. D'autres préhistoriens estiment au contraire que les traces de découpe seraient la preuve d'une phase active de décarnisation à mettre en liaison avec une pratique funéraire, alors que les traces de fracturation résulteraient de plusieurs causes, non exclusives les unes des autres : compactage des sédiments, chutes de blocs provenant de la voûte, dommages survenus lors de la fouille. Malheureusement, les fouilles ont été faites à la dynamite et par des terrassiers, et l'état du site ne permet plus de prouver, malgré de fortes présomptions, que le cannibalisme y a été pratiqué.

La présence de traces de découpe sur les ossements ne suffit pas en effet à démontrer la pratique du cannibalisme ; ces traces peuvent être le résultat d'un rite funéraire, comme la sépulture en deux temps (qui consiste à nettoyer le corps de toutes ses « parties molles », pour empêcher le processus, tant redouté, de putréfaction, en accélérant le passage vers la phase minérale de l'os). D'autres arguments, tels que la position anatomique des traces de découpe, les marques de fracturation traduisant une action intentionnelle sur os frais dans le but de récupérer la moelle ou le cerveau et enfin la répartition des restes dans l'habitat, permettent seuls d'accréditer l'hypothèse du cannibalisme. En somme, il faut démontrer que l'homme a subi le même traitement que l'animal.

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