- 1. Sciences sociales, recherches sociales et quantification
- 2. Les premières connaissances concrètes et quantifiées du social
- 3. De l'Antiquité à la Renaissance
- 4. Les débuts de la statistique descriptive et quantitative au XVIe siècle
- 5. Les recherches sociales concrètes et quantifiées aux XVIIe et XVIIIe siècles
- 6. Bibliographie
SCIENCES SOCIALES PRÉHISTOIRE DES
Les débuts de la statistique descriptive et quantitative au XVIe siècle
On voit nettement dès le xvie siècle se dessiner deux des courants de pensée qui domineront la scène européenne jusqu'au début du xixe siècle et se rattachent respectivement à la tradition aristotélicienne de la statistique descriptive et à la pratique latine du recensement. Cette dualité s'accompagne d'une innovation majeure due évidemment à l'imprimerie : la publication des données et des comparaisons et leur discussion publique. Un troisième courant majeur est étroitement lié aux grandes découvertes : ce sont les récits de voyage puis de séjours plus ou moins prolongés parmi des peuples lointains et des civilisations à la fois étranges et étrangères, qui reprennent la tradition d'Hérodote et jettent les fondements de la future géographie humaine tout en constituant une authentique proto-ethnologie. Pour des raisons évidentes de cohérence on a laissé de côté ce matériel proprement ethnographique qui, pour notre période, reste à l'écart de l'effort vers la modélisation.
La statistique qualitative
Une véritable floraison d'ouvrages décrivant les ressources naturelles et les principales caractéristiques de différents pays, qu'ils comparent à l'occasion, se produit au xvie siècle. On peut citer l'ouvrage de Sébastien Munster, moine franciscain passé au protestantisme, professeur à Heidelberg et à Bâle, Cosmographia, Beschreibung aller Länder... in welcher Begriffen aller Völcker, Herrschaften..., Bâle, 1536 et 1544, traduit en français en 1556 sous le titre Cosmographie universelle contenant la situation de toutes les parties du monde avec leurs propriétés et appartenances, Bâle, 1556 et 1565. En 1539 est publiée à Paris La Division du Monde, contenant la déclaration des provinces et régions d'Asie, d'Europe et d'Afrique, de Jacques Signot, qui continue d'ailleurs à perpétuer la légende, pour la France, des dix-sept cent mille clochers. En Italie, F. Sansovino (1521-1586) publie en 1562 à Venise un ouvrage décrivant vingt-deux États, y compris l'« Utopie », Del governo e amministrazione di diversi regni e republiche ; et G. Botero (1540-1617), considéré, par ailleurs, comme l'un des premiers précurseurs de Malthus et l'un des meilleurs théoriciens de la population (Della causa della grandezza e magnificenza della città), publie en 1593 La Relazione universali comprenant, d'une part, la description géographique des États, d'autre part, leur constitution, les causes de leur grandeur et de leur richesse, et leur situation religieuse.
Pour la France, on peut signaler d' Étienne Pasquier, avocat au parlement de Paris, les Recherches de la France (1581) de nature essentiellement juridique et historique, mais écrites d'un point de vue très « national », s'efforçant de comprendre en profondeur les origines de la puissance monarchique, de donner une vue claire de la société et des principales institutions parmi lesquelles la Cour. Peu après, en 1614, Pierre d'Avity (1573-1635), gentilhomme ordinaire de la Chambre du roi, publie les États, Empires, Royaumes, Seigneuries, Duchés et Principautés du Monde, dont le contenu rappelle Sansovino et Botero, quoique avec plus d'importance accordée à la géographie. Il décrit cependant avec quelques détails les mœurs anciennes et contemporaines de chaque pays, la « généalogie » des familles princières et nobles, les « richesses », à savoir la monnaie et les revenus de l'État, ainsi que les questions religieuses et militaires. Dans le même esprit, Pierre Scévole de Sainte-Marthe publie encore en 1670 L'État de la Cour des Rois de l'Europe.
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Écrit par
- Bernard-Pierre LÉCUYER : ancien élève de l'École normale supérieure, agrégé de l'Université, directeur de recherche au CNRS
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