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PRÉHISTOIRE Industrie de l'os

Le Paléolithique moyen

Rien, au Paléolithique moyen, ne suggère de changement décisif dans la conception de l'outil d'os ou dans sa fabrication. Les outils de récupération sont toujours très nombreux ; à côté d'eux vont simplement se multiplier les éclats d'os retouchés. À la Cueva Morin (Espagne), le nombre des outils en os et en silex est le même mais la forme générale des premiers reste le plus souvent aléatoire. Comme auparavant, seule la partie active est retouchée : longs bords rectilignes suggérant l'utilisation de l'outil comme couteau ou racloir, pointes nettement dégagées, tranchants situés à une extrémité de l'outil pour en faire peut-être un ciseau ou un tranchet. On continue à trouver de temps en temps les témoins de gestes plus précis : quelques outils, au sens propre du mot, commencent à prendre forme, annonçant les poinçons (petits outils pointus) qui deviendront les pièces les plus courantes de l'outillage osseux préhistorique, d'autres annoncent les sagaies qui n'apparaîtront vraiment qu'au début du Paléolithique supérieur. Raclage et abrasion sont parfois utilisés pour façonner la partie active d'un outil sans toutefois devenir des techniques courantes : on en trouvera des traces à la Cueva Morin et à la Quina où H. Martin a fait d'intéressantes observations ; on découvrira même des outils qui témoignent d'un geste nouveau, celui de percer, comme au Pech de l'Azé II. D'autres sites révèlent l'existence de coquilles percées, témoins les plus anciens de préoccupations artistiques, ou du moins non utilitaires, chez l'homme.

Il est intéressant de constater que jusqu'à la fin du Moustérien l'outil d'os demeurera, le plus souvent, informe, alors que l'outil de pierre atteindra une perfection qui atteste des capacités d'abstraction tout à fait remarquables chez l'homme de cette époque. Ce décalage peut être imputé, entre autres causes, à l'ignorance d'une réalité fondamentale : l'os est différent de la pierre ; le tailler comme elle, par percussion, équivaut à tailler une roche de mauvaise qualité ; l'utiliser pour agir sur le monde extérieur de façon similaire conduit aussi à la création d'outils moins solides, d'une moins grande efficacité. Cette double prise de conscience viendra à l'homme, curieusement, bien après qu'il ait inventé, ici ou là, les techniques spécifiques du travail de l'os. Nous avons vu qu'il y avait des témoins extrêmement anciens de sciage, de raclage, de percement et même d'abrasion de l'os, mais ils restaient épars, et c'est seulement au Paléolithique supérieur que toutes ces techniques enfin couramment appliquées vont entraîner l'homme dans un enchaînement d'inventions techniques unanimement reconnues comme remarquables.

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur de la mission permanente El Kowm (ministère des Affaires étrangères)

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