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PRÉHISTOIRE L'homme et le feu

Le feu au Paléolithique : production et entretien

De tout temps et en tout lieu, les chasseurs paléolithiques pouvaient disposer aisément de bois et de pierres. Avec ces matériaux, plusieurs possibilités s'offraient à eux pour produire du feu à volonté.

Le frottement rapide de deux baguettes de bois induit un échauffement suffisant pour porter à incandescence des matières sèches et facilement inflammables : mousses, étoupe, sciure, amadou, etc. Cet échauffement peut être obtenu par des mouvements de friction longitudinale, rotative, ou par sciage. Dans le cas de mouvements rotatifs, la vitesse peut être augmentée en utilisant une lanière de cuir ou un archet. Ces techniques sont efficaces et sûres, mais exigent un « coup de main » qui ne s'improvise pas. Là où un néophyte peinera pendant une demi-heure, quelqu'un d'exercé obtiendra du feu en quelques minutes !

Obtenir du feu en percutant deux pierres est en général plus difficile. Si l'on utilise deux silex, les petites étincelles arrachées doivent être immédiatement recueillies sur une matière première très inflammable. Il est plus aisé d'obtenir du feu en percutant un silex sur un minerai de fer, tel que la pyrite ou la chalcopyrite, toutes deux abondantes dans la nature. C'est dire qu'un chasseur préhistorique pouvait en théorie obtenir du feu pratiquement partout où il se trouvait. Faut-il en conclure qu'il le faisait effectivement ? Rien, en fait, ne nous y autorise. En effet, pratiquement aucune de ces techniques ne laisse de traces repérables par l'archéologue. Exception faite de conditions de conservation exceptionnelles, le bois disparaît toujours dans le sol, et nous n'avons guère d'espoir de retrouver les briquets en bois s'ils ont été utilisés. Les quelques indices avancés en ce sens, comme la baguette carbonisée de Krapina, en Croatie (Paléolithique moyen), ne sont pas probants. Quant aux silex qui auraient pu être utilisés, nous ne sommes pas en mesure actuellement de les distinguer de silex percutés pour d'autres raisons. Reste la pyrite : sa conservation n'est pas rare, et différents témoignages indiqueraient son usage pour la production du feu dès le Paléolithique supérieur (sites de Laugerie en France et du Trou-du-Chaleux en Belgique) et plus encore le Mésolithique. Dans le site mésolithique de Star Carr, en Angleterre, furent découverts des morceaux de pyrite et de silex, et, à proximité, de nombreux fragments d'amadou (Fomesfomentarius) dont la pellicule externe avait été pelée et qui devaient servir à recueillir les particules incandescentes détachées par le choc du silex sur la pyrite.

La rareté des témoignages directs incite à se tourner vers des témoignages indirects ; en effet, la régularité avec laquelle on rencontre des foyers dans les sites d'habitat dès la fin du Paléolithique inférieur, il y a plus de 100 000 ans, autorise à penser que des techniques de production du feu étaient déjà connues à cette époque.

Quoi qu'il en soit, l'époque exacte de la découverte de la production du feu n'est sans doute qu'un problème relativement secondaire dans l'histoire de l'humanité : la production du feu à volonté ne représente en effet qu'un progrès technique, dont on conçoit aisément qu'il devait se produire dès lors que la nécessité s'en faisait sentir et que le niveau technologique le permettait. Plus importante nous semble être la découverte de l'usage du feu, quelle que fût son origine (collecte à partir de braises, ou production). Car c'est là que se situe une des coupures les plus radicales entre le monde animal et le monde humain. Cessant d'être uniquement un élément destructeur et incontrôlable, le feu devient source d'énergie maîtrisée et mise à profit, ce qu'aucun animal n'a jamais conçu. Or cette découverte est ancienne – moins sans doute que celle de la taille de la pierre –, mais[...]

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Écrit par

  • : docteur en ethnologie préhistorique, maître assistant à l'université de Paris-X

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Foyers paléolithiques - crédits : Encyclopædia Universalis France

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