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PRÉHISTOIRE Méthodologie

Chronologie absolue

Si, sur les indications de la stratigraphie, il a été possible d'établir un cadre chronologique (chronostratigraphie), il s'agit dans tous les cas d'une chronologie relative. Afin de préciser cette chronologie relative ou de la vérifier, il est nécessaire de recourir aux méthodes de datation absolue. Ces méthodes sont nombreuses mais d'utilisation délicate. Chacune convient mieux à un type de matériau ou à une période de temps. Parmi les méthodes appliquées aux matières organiques (os, coquilles, charbon), on distingue le carbone 14 utilisé pour dater les objets postérieurs à 40 000 ans, la racémisation des acides aminés qui aurait servi à dater des objets bien plus anciens mais qui n'a pas tenu ses promesses, la dendrochronologie (étude des cercles de croissance des arbres), le dosage du fluor pour la datation des ossements.

Quant aux méthodes applicables aux matières minérales, on compte la thermoluminescence et la résonance paramagnétique électronique applicables à certaines roches ayant été chauffées par l'homme, le paléomagnétisme (les variations connues du champ magnétique terrestre servant de repères chronologiques), la mesure des proportions relatives d'éléments (potassium/argon, thorium/uranium), les apports d'isotopes (O18/O16), les traces de fission.

Toutes ces méthodes, dont certaines sont encore au stade expérimental, doivent être utilisées avec beaucoup de prudence et vérifiées scrupuleusement, car, en archéologie préhistorique, nous procédons bien moins par certitudes que par approximations successives.

En préhistoire comme dans une enquête criminelle, pour acquérir des preuves, nous accumulons des présomptions. Par des opérations ponctuelles, par la multiplication méthodique des analyses, par la réduction des cubages de fouille, par la récolte totale des vestiges, par les programmes d'enregistrement et d'exploitation raisonnée des données de terrain et de laboratoire, grâce aux possibilités de plus en plus grandes des méthodes physiques et chimiques, les préhistoriens peuvent espérer dépasser la connaissance du campement et de la vie quotidienne préhistoriques. Il s'agira alors d'aller vers les grands problèmes : les motivations de chaque groupe, de chaque nappe de civilisation, la part de la pression de l'environnement fluctuant, le degré d'adaptation de l'homme à ce milieu, les limites de la liberté de choix, de la tradition (ce choix initial qui devient habitude), les contacts entre groupes, les influences, les migrations. Cela ne pourra prendre corps que par la mise en œuvre, non plus d'une pluridisciplinarité, mais bien d'une interdisciplinarité qu'il est primordial d'entamer sur le terrain.

Nous n'en prenons pourtant pas le chemin. La destruction des sites par notre monde mécanisé est dramatique malgré les lois qui réglementent les opérations de fouille. La programmation des opérations d'urgence et des thèmes scientifiques prioritaires n'est pas encore amorcée. Notre terminologie elle-même en est au stade du « vocabulaire d'attente ».

— Jean-Philippe RIGAUD

— Jacques TIXIER

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