PREMIER AVION À DÉCOLLAGE ET À ATTERRISSAGE À LA VERTICALE
Comme toutes les guerres le montrent, une base aérienne, avec ses lourdes infrastructures (hangars et pistes), constitue une cible bien visible et donc aisée à détruire. D’où le rêve des états-majors de développer un avion susceptible de décoller et d’atterrir à la verticale à partir d’une simple route ou d’un champ… Restait à trouver la formule idéale, ce qu’incarne parfaitement le Hawker Siddeley Harrier, avion britannique d’attaque au sol, qui a volé pour la première fois le 31 août 1966.
Des prototypes originaux
Dès les années 1950, la plupart des constructeurs relèvent le pari audacieux consistant à mettre au point un aéronef à décollage et à atterrissage verticaux (A.D.A.V. ; en anglais V.T.O.L. aircraft, Vertical TakeOff and Landing), à commencer par les Français qui, en 1953, planchent sur l'avion dit « rond de serviette », dirigé par déviation de jets.
Les Américains progressent également, notamment avec le XFY-1 Pogo de Convair. Cet appareil, après des vols captifs en hangar à partir du 19 avril 1954, effectue son premier décollage et son premier atterrissage libres, à la verticale, le 1er août 1954. Son pilote, James F. Coleman, accomplit avec cet avion le premier vol de « transition » (passage de l’avion de sa position verticale pour le décollage à sa position de vol plus ou moins horizontale), le 2 novembre de la même année. Il passe ainsi, sans déséquilibre, du vol vertical au vol horizontal. Pour sa part, la société américaine Lockheed construit le Salmon XFV-1 pour la Navy.
Quant aux Britanniques, ils expérimentent des moteurs Rolls-Royce Nene avec déviateurs de jets sur le Flying Bedstead, sorte de grosse boîte d'allumettes rectangulaire (dont le nom signifie « cadre de lit volant »), qui effectue son premier vol libre en août 1954. Les Américains multiplient les prototypes, en particulier le X-13 Vertijet de Ryan et le Bell XV-3 (ou Bell 200) convertible à rotors pivotants.
Si les Russes testent à leur tour une « table volante », nom donné en raison de l’apparence singulière de leur appareil, les Français redoublent d'esprit créatif : le 14 mai 1957, l'ingénieur Auguste Morel fait voler le premierA.T.A.R.de la Snecma (Société nationale d'étude et de construction de moteurs d'aviation). Le décollage dit debout, simplement parce que le prototype est déjà dressé à la verticale, conduit à la naissance du Coléoptère de l'ingénieur autrichien Helmut von Zborowski, travaillant à la Snecma. Baptisé successivement Hanneton, Bruche et Charançon, cet appareil à aile en forme d’anneau devait malheureusement s'écraser, le 25 juillet 1959, alors que ses essais annonçaient des performances prometteuses.
La société française Dassault, quant à elle, expérimente le Mirage 001 Balzac, dont le premier vol stationnaire a lieu le 13 octobre 1962 et sert à la préparation d'un appareil plus évolué, le Mirage III V (V pour vertical), conçu pour transporter des bombes atomiques tactiques et dont le premier vol est effectué le 12 février 1965. S’il devait être assemblé en présérie avant 1970, sa mise au point s'est révélée plus complexe que prévu. En effet, la transition entre les huit moteurs Rolls-Royce RB-162 de 1 600 kg de poussée unitaire – assurant le décollage – et le moteur Pratt et Whitney TF-30 de 9,2 t de poussée – chargé de la propulsion horizontale – n'est pas évidente. Du fait des difficultés qui se multiplient, le projet est abandonné le 28 mars 1966.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Bernard MARCK : historien de l'aviation, membre de l'Académie de l'air et de l'espace
Classification