PREMIER DINOSAURE À QUATRE AILES

Les premières découvertes dans les gisements chinois du Crétacé inférieur (environ 120 millions d'années) de restes de dinosaures indiquant la présence de plumes remontent au milieu des années 1990. À en juger par les proportions de leur squelette, les animaux en question, tels que Sinosauropteryx ou Caudipteryx, avaient des formes adaptées à une locomotion bipède sur le sol et montraient un revêtement de plumes principalement filamenteuses. En 2003, des paléontologues chinois décrivent, sous le nom de Microraptor gui, un dinosaure emplumé révélant des adaptations significativement différentes. Provenant également du Crétacé inférieur du nord-est de la Chine, ce petit animal carnivore, d'une longueur d'environ 75 centimètres, se caractérise par la présence de plumes très allongées le long aussi bien des membres antérieurs que des membres postérieurs, ainsi que sur la queue qui est très longue. Ces plumes sont d'un type évolué, évoquant les rémiges (grandes plumes des ailes) des oiseaux actuels. Microraptor gui est donc un dinosaure pourvu de quatre ailes, qui devaient lui permettre de planer de branche en branche, un peu à la manière des écureuils volants actuels.

Cette découverte confirme les suppositions du naturaliste américain William Beebe (1877-1962) qui, dès 1915, avait suggéré que les ancêtres des oiseaux avaient dû passer par un stade « tetrapteryx », sa reconstitution hypothétique ressemblant étonnamment à Microraptor gui. Ce dernier, qui est contemporain des véritables oiseaux, ne peut donc en aucun cas être considéré comme un ancêtre potentiel de ceux-ci. Toutefois, des découvertes plus récentes, toujours en Chine, ont révélé que des dinosaures à quatre ailes similaires à Microraptor gui, notamment Anchiornis, étaient déjà présents au Jurassique, il y a quelque 160 millions d'années, avant l'apparition des vrais oiseaux. Il est donc vraisemblable que, lors de la transition entre les dinosaures et les oiseaux, un stade planeur à quatre ailes a précédé le stade du vol battu – au moyen des seuls membres antérieurs – qui caractérise les oiseaux proprement dits.

— Eric BUFFETAUT