PREMIÈRE AUTOMOBILE HYBRIDE COMMERCIALISÉE
Une révolution qui redonne de l’avenir à l’automobilisme
L’objectif de réduction des émissions de gaz à effet de serre poursuivi par ces véhicules en voie de décarbonation est partiellement atteint puisque l’on estime à près de 40 p. 100 le gain total de consommation en usage courant. De ce point de vue d’ailleurs, la Prius a innové en offrant autre chose qu’une conduite automobile dégradée, caractérisée notamment pour les véhicules tout électriques par une autonomie faible due au classique épuisement de la batterie, certes parfois pallié par un prolongateur d’autonomie, mais toujours perçu comme anxiogène pour les conducteurs. Fiable selon tous les tests de qualité, elle a offert également, pour une voiture d’un poids de près de 1 300 kilogrammes, des performances dans la norme du reste du parc automobile grâce, entre autres, à son dispositif de récupération d’énergie cinétique au freinage. Véhicule de gamme moyenne à l’esthétique jugée au départ surprenante et quelque peu déroutante, voire ingrate, la Prius se caractérise enfin par une grande souplesse d’usage en circuit tant urbain que routier ou autoroutier, grâce à la gestion dynamique et optimisée des sources de propulsion. L’ingéniosité de ses concepteurs, au premier rang desquels Takeshi Uchiyamada, a également porté sur la transmission, en mettant en œuvre une transmission de type électromécanique.
En 2016, Toyota a commercialisé sa quatrième génération de Prius. La deuxième génération (2004-2009) avait été marquée, en 2005, par l’attribution du titre de « voiture de l’année » par un jury européen. La troisième génération a été produite de 2009 à 2016. En 2007, dix ans après le début de la commercialisation de la première Prius, un million de véhicules hybrides (Prius et autres) avaient été vendus en cumulé, propulsant cette même année Toyota – de loin le leader mondial de ce type de véhicules – à la première place des constructeurs automobiles. Depuis, la firme japonaise, dont le siège se trouve dans une ville qui a pris son nom en 1959 – elle s’appelait auparavant Koromo –, partage cette position en alternance avec Volkswagen et General Motors, chacun de ces constructeurs produisant en moyenne plus de dix millions de véhicules par an. Une Prius à sept places a fait son apparition en 2010et le système hybride a aussi été décliné sur d’autres véhicules de la marque Toyota : l’Auris en 2010 et la Yaris en 2012. Les véhicules haut de gamme (dits premium), plus lucratifs, comme les SUV (Sport Utility Vehicle) de la marque Lexus (constructeur dépendant de Toyota et développant des voitures haut de gamme), ont aussi été équipés de cette technologie à partir de 2005.
Dès sa première génération, la Prius a résulté d’une convergence entre un bouquet d’ innovations technologiques et des attentes sociétales pressantes en termes de respect de l’environnement. Il est donc frappant de constater la très large reconnaissance de ce qui n’aurait pu être finalement qu’une voiture d’ingénieurs. En banalisant la performance technique, l’expérimentation de l’hybridation a généré une nouvelle expérience de conduite, notamment le silence de fonctionnement en mode tout électrique, c’est-à-dire essentiellement en ville à basse vitesse. La mise en spectacle de la « vertu » du véhicule, présentée au tableau de bord sous les yeux du conducteur et des passagers, procure aux usagers un sentiment valorisant. Cela explique les avantages fiscaux et l’affichage politique associés dans certains pays comme la France à la promotion de ce type de véhicules, particulièrement prisé des flottes administratives. Dans ce contexte, l’implication des clients, vus comme des ambassadeurs de la marque, ne manque pas d’alimenter ce réel succès, porté par l’exemple des campus américains soucieux de la préservation de l’environnement, ou à Hollywood, parmi les stars concernées[...]
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Écrit par
- Mathieu FLONNEAU : maître de conférences, université Paris-I-Panthéon-Sorbonne
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Média