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PRÉRAPHAÉLITES

Les réalisations

Leurs premières œuvres, exposées l'année suivante sous les initiales mystiques P. R. B. (Pre-Raphaelite Brotherhood), eurent un retentissement immédiat. Isabella de Millais (Walker Art Gallery, Liverpool), Rienzi de Hunt (coll. privée), The Girlhood of Mary Virgin (L'Adolescence de la vierge Marie) de Rossetti (Tate Gallery, Londres) se distinguaient par l'approche archéologique propre aux nazaréens, dans leur imitation méticuleuse des détails et particularités « médiévales ». La vivacité de la composition, le caractère humain des portraits (les peintres s'étant pris pour modèle l'un l'autre), le soin minutieux du détail, le symbolisme et l'éclat chaleureux des couleurs, issus de la technique de la fresque, tout cela annonçait un style nouveau et suscita beaucoup d'éloges.

<it>Lorenzo et Isabella</it>, J. E. Millais - crédits :  Bridgeman Images

Lorenzo et Isabella, J. E. Millais

<it>Rienzi</it>, W. H. Hunt - crédits :  Bridgeman Images

Rienzi, W. H. Hunt

Sous la direction de Rossetti, poète autant que peintre, ils lancèrent un journal, The Germ (Le Germe), dont l'existence fut brève, afin d'assurer l'expression et la diffusion de leurs vues. Ils consacrèrent une grande partie de leur activité à exécuter des dessins offrant les mêmes particularités que leur peinture. Rossetti et Hunt visitèrent la France et la Belgique, découvrant Van Eyck et Memling, et mettant Hippolyte Flandrin au sommet de l'art français. Le cercle s'élargit avec l'adhésion de Deverell et Collins et de personnalités littéraires telles que Coventry Patmore et le poète et artiste William Bell Scott. Brown tentait, de son côté, d'intégrer dans sa peinture la technique des préraphaélites et leur fidélité à la lumière naturelle.

On traite alors avec prédilection les thèmes religieux ; ce sont notamment : The Carpenter's Shop (L'Échoppe du charpentier) de Millais (Tate Gallery), A Converted British Family Sheltering a Christian Priest from the Persecution of the Druids (Famille anglaise convertie soustrayant un missionnaire chrétien à la persécution des druides) de Hunt (Ashmolean Museum, Oxford), Ecce ancilla Domini (devenue par la suite L'Annonciation) de Rossetti (Tate Gallery), The Renunciation of Elizabeth of Hungary (Renonciation de la reine Élisabeth de Hongrie, 1850-1851) de Collinson (Art Gallery, Johannesburg), Convent Thoughts (Méditations monastiques, 1850) de Collins (Ashmolean Museum), Christ Washing Peter's Feet (Jésus lavant les pieds de Pierre, 1852) de Brown (Tate Gallery). Mais l'exposition des trois premières toiles en 1850 (chez Rossetti, à nouveau, à l'« Exposition libre ») souleva une véritable tempête d'injures. Le mystère des initiales employées pour les signatures s'ajoutant au réalisme saisissant et à l'iconographie insolite de la toile de Millais, provoqua de violentes réactions, et, selon les divers camps, on accusa les rebelles de blasphème, de papisme ou de perversité. L'attaque fut portée, à l'Académie, contre Millais et Hunt. Collinson se hâta alors de démissionner en invoquant des motifs religieux ; Rossetti refusa d'exposer de nouveau et se consacra de plus en plus à des sujets d'imagination traités à l'aquarelle, illustrant ses œuvres favorites, Mort d'Arthur et Dante.

<it>The Renunciation of Elizabeth of Hungary</it> (<it>La Renonciation de la reine Élisabeth de Hongrie</it>), J. Collison - crédits :  Bridgeman Images

The Renunciation of Elizabeth of Hungary (La Renonciation de la reine Élisabeth de Hongrie), J. Collison

<it>Convent Thoughts</it> (<it>Méditations monastiques</it>), C. A. Collins - crédits :  Bridgeman Images

Convent Thoughts (Méditations monastiques), C. A. Collins

Millais et Hunt inaugurent à ce moment une période nouvelle, et donnent la primauté à l'éclat des couleurs résultant d'une imitation de plus en plus fidèle de la lumière du soleil. Ils peignent leurs fonds en extérieur, au soleil ou sous la pluie, ajoutant ultérieurement les personnages dans leur atelier ; ils utilisent un support blanc humide qu'ils couvrent de fines couches de couleur à l'aide d'un pinceau en poil de martre pour obtenir une plus grande luminosité. Millais parvient à une remarquable force d'expression dans l'attitude de ses personnages. Hunt se préoccupe principalement de transmettre un message moral. Rossetti s'efforce d'assimiler leur approche naturaliste, mais il échoue[...]

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<it>Lorenzo et Isabella</it>, J. E. Millais - crédits :  Bridgeman Images

Lorenzo et Isabella, J. E. Millais

<it>Rienzi</it>, W. H. Hunt - crédits :  Bridgeman Images

Rienzi, W. H. Hunt

<it>The Renunciation of Elizabeth of Hungary</it> (<it>La Renonciation de la reine Élisabeth de Hongrie</it>), J. Collison - crédits :  Bridgeman Images

The Renunciation of Elizabeth of Hungary (La Renonciation de la reine Élisabeth de Hongrie), J. Collison

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  • ANGLAIS (ART ET CULTURE) - Peinture

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    ...plus féconde se fait en marge de la Royal Academy, chez des isolés comme Samuel Palmer (1805-1881), qui a laissé d'étranges paysages visionnaires, ou dans le groupe des « préraphaélites » formé vers 1850. Néanmoins, il ne faut pas exagérer les différences d'inspiration entre les membres de ce groupe...
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  • ROMANTISME

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    ...et visionnaire, se retrouve poussé bien plus loin chez les nazaréens, en particulier les frères Olivier, et chez les peintres associés, puis chez les préraphaélites qui ont continué leur mouvement. Parmi ces derniers, Ford Madox Brown (1821-1893) va particulièrement loin dans la description de tous...
  • BROWN FORD MADOX (1821-1893)

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