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PRÉSENCE DE LA LUMIÈRE INACCESSIBLE. LES VITRAUX DE CONQUES ET LA PEINTURE DE SOULAGES

Dans son livre Présence de la lumière inaccessible. Les vitraux de Conques et la peinture de Soulages (Fage, 2023), l'historien de l'art Christian Heck ouvre une réflexion sur le peintre et la « révélation poétique » qu’a produite chez lui l’abbatiale Sainte-Foy de Conques, conduisant dans un premier temps le tout jeune Pierre Soulages à la peinture, et non à l’architecture. Cette expérience est presque d’ordre mystique : elle part de la figuration, pour arriver à la transfiguration. En ce sens, les 104 vitraux de Conques, réalisés entre 1987 et 1994, tout comme les polyptyques de Soulages, sont liés à la dimension du sacré et du spirituel, et doivent nous communiquer un état de contemplation et de méditation.

Un art de la lumière

C’est l’un des axes de lecture qui est ici privilégié dans l’approche de l’œuvre du peintre : la « révélation » a conduit Soulages à la « métaphysique », voire à l’« alchimie ». Précisons que Christian Heck utilise cette notion de révélation au sens plus concret de « révélateur », comme si l’expérience poétique avait fonctionné à la manière d’un filtre par lequel le peintre serait passé pour transmettre quelque chose à propos de la lumière, dans un rapport étroit avec « la musique des formes et des proportions ». Les vitraux de l’abbatiale de Conques utilisent en effet les lumières dans un sens qui lie le sacré et la peinture, en vue de donner une direction au « pèlerin » – rappelons que Conques se situe sur le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle – ou, tout simplement, au « regardeur », un terme que Christian Heck privilégie, dans la mesure où la lumière ne fait l’objet d’aucune perception.

Le verre utilisé par Soulages n’est ni blanc, ni transparent, mais translucide. Christian Heck insiste sur le fait qu’il existe une interdépendance entre le monde et la lumière : bien que celle-ci ne se voie pas, elle éclaire un monde qui ne serait rien sans elle, mais sans laquelle elle ne serait rien, elle non plus. L’auteur détaille les traitements du verre et les multiples tentatives de Soulages pour obtenir la qualité du matériau qu’il désirait. Autre remarque d’ordre technique, l’adéquation nécessaire entre la forme et la fonction : « Partir de la fonction du vitrail – qui est de clore une ouverture tout en laissant entrer un type de lumière en lien avec telle ou telle catégorie d’espace intérieur – et chercher la réalisation qui permette cela. »

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