- 1. Les grandes étapes de l'évolution des marchés de la presse
- 2. Les ancêtres de la presse périodique
- 3. Le système de presse de l'Ancien Régime
- 4. La presse des notables et la conquête de la liberté de la presse : 1789-1870
- 5. L'ère des grands journaux et des grands magazines : 1870-1950
- 6. Les incertitudes contemporaines
- 7. Bibliographie
PRESSE Naissance et développement de la presse écrite
La presse des notables et la conquête de la liberté de la presse : 1789-1870
L'Angleterre avait la première abandonné le régime préventif en 1695 mais elle continua à soumettre ses journaux à un système fort sévère. Un droit de timbre imposé à toutes les feuilles politiques en 1712 en augmentait si fort le prix que leur audience restait limitée aux hautes classes, et le libel act de 1792, en confirmant le régime répressif, entraîna la multiplication des poursuites judiciaires. L'essor de la publicité, et en particulier des petites annonces, permettant de compenser en partie la charge du timbre, celui-ci fut supprimé progressivement de 1833 à 1861. C'est aussi en Angleterre que furent réalisés les principaux progrès de l'imprimerie : presse en métal de Stanhope en 1804, mécanique en 1811, à vapeur en 1814, à retiration (impression recto-verso en une seule opération) en 1816, qui portèrent le tirage à l'heure à quelque 1 000 exemplaires. La presse à réaction dans les années 1840-1850 (de 6 000 à 7 000 exemplaires) et la rotative (de 18 000 à 20 000 puis 50 000 exemplaires) furent réalisées à la fois en Angleterre et en France. C'est aussi en Angleterre que naquirent avec le Penny Magazine en 1832 puis le London Illustraded News en 1842 les premiers magazines illustrés à grand tirage.
Si, avec des journaux prestigieux comme le Times, né en 1785, le Daily Chronicle ou le Daily News, la presse anglaise donnait le ton de la presse mondiale, son audience était encore faible car elle était trop chère.
Aux États-Unis, la presse avait été libre dès son origine, et le vrai moteur du journalisme fut la chasse aux nouvelles et la recherche des informations sensationnelles. C'est la guerre de Sécession qui allait définitivement consacrer les méthodes du journalisme de reportage à l'américaine et lui gagner définitivement son immense audience : on a pu dire qu'au xixe siècle, aux États-Unis, le journalisme avait remplacé la littérature à la fois comme lecture et comme écriture.
En France, la conquête de la liberté de la presse fut beaucoup plus difficile que dans les pays anglo-saxons. Déjà au xixe siècle, notre pays est celui qui a le plus légiféré en matière de presse. L'enjeu essentiel en fut non pas comme aux États-Unis ou en plus d'un sens en Angleterre la lutte pour la libre investigation journalistique, mais celle de la liberté d'expression et de critique à quoi l'article XI de la Déclaration des droits... avait en réalité circonscrit la liberté de presse : « La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi. » Dans un État centralisé, où la révolution jacobine et la dictature impériale avaient encore accru la prépondérance de l'administration, la source première de l'information des journaux resta, comme elle l'aurait été sous l'Ancien Régime, le gouvernement, et les journalistes furent toujours plus soucieux de critiquer son action et de juger de haut les situations politiques que de décrire les faits ou d'enquêter sur les réalités des choses.
À ce sujet, il est caractéristique que ce soit en France que naquit, en 1832, la première agence de presse, seize ans avant l'agence Wolff allemande, dix-neuf ans avant l'agence Reuter anglaise, et que, dès ses origines, l'agence Havas tira l'essentiel de ses informations originales des sources gouvernementales. Lors même que sous la IIIe République la tutelle du pouvoir politique sur les journaux s'était très allégée, le recours aux dépêches et aux commentaires d'Havas (et de nos jours de l'Agence France-Presse) dispensa les journaux français d'entretenir des[...]
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Écrit par
- Pierre ALBERT : professeur émérite de l'université Panthéon-Assas
Classification
Médias
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