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PRÉVISION ÉCONOMIQUE

L'élaboration des prévisions économiques

Dans la pratique, de nombreuses techniques sont mobilisées pour concevoir les prévisions économiques. Elles présentent toutes des avantages et des inconvénients selon la variable qu'il s'agit de prévoir et le terme de la prévision. Ces approches résultent néanmoins d'une démarche analytique comparable qui procède en trois étapes. Une première étape consiste à observer et à comprendre la situation économique passée. Elle permet de formuler, en deuxième étape, des représentations plus ou moins simplifiées des relations qui lient les variables économiques entre elles. La prévision est enfin obtenue, en troisième étape, en utilisant ces représentations pour extrapoler les dernières évolutions constatées selon différents scénarios.

De l'observation au diagnostic

La prévision économique étant fondée sur la compréhension des événements passés, l'observation des faits est le préalable naturel à tout exercice d'anticipation. La qualité de l'observation dépend de la capacité à mesurer convenablement le sens et l'ampleur des phénomènes étudiés. Ainsi, la valeur d'une statistique reposera en grande partie sur la stabilité de son processus d'élaboration (définition, méthode de recensement, champs, etc.) et sur le délai nécessaire pour l'obtenir.

Les informations économiques qui sont mobilisées par le praticien peuvent être classées en trois catégories. Un premier ensemble comprend un grand nombre de variables qui partagent la propriété d'être connues bien avant celle qui intéresse le praticien, tout en étant liées plus ou moins étroitement à cette dernière. Les commandes de biens intermédiaires (papier carton, matériaux de construction, etc.) ou l'évolution du marché du travail (nombre d'heures supplémentaires, publication d'offres d'emplois, etc.) sont, par exemple, utilisées pour anticiper l'évolution de la production, alors que les premiers indices correspondants ne seront connus que bien plus tard. Pour cette raison, ces indicateurs sont dits « rapides » ou « avancés ». Ils ont en outre l'avantage d'être le produit d'opérations comptables ou administratives simples, réalisées de manière courante. Ils sont donc relativement fiables et peu coûteux, même s'il leur arrive d'être défaillants lorsqu'un changement de réglementation (fiscale par exemple) modifie les règles à partir desquelles ils sont établis.

Un deuxième groupe d'indicateurs se compose des données d'enquêtes dites de conjoncture. Différents offices statistiques interrogent directement de manière périodique des ménages et des entreprises sur leurs intentions dans les mois à venir ou sur leur perception de la situation économique. Ces enquêtes permettent ainsi de compléter et de devancer les données quantitatives et de mieux éclairer le praticien sur le jugement et les anticipations des agents. En cas de résultats contradictoires, il est cependant difficile d'interpréter ces enquêtes, ce qui en limite parfois la portée.

Une dernière catégorie d'indicateurs se compose des statistiques économiques d'ensemble élaborées dans le cadre de la comptabilité nationale. La comptabilité nationale est une représentation d'ensemble rigoureuse de l'économie d'un pays. Elle permet de s'assurer de la cohérence comptable des informations économiques provenant de sources différentes. L'indice des prix, celui de la production industrielle, ou encore le produit intérieur brut (P.I.B.) en sont issus. Toutefois ces indicateurs présentent l'inconvénient de ne pas être rapidement disponibles. Il faut attendre plusieurs mois, voire plusieurs années, pour qu'ils soient définitivement connus. Entre temps, des estimations peuvent être produites, mais elles sont systématiquement corrigées pour tenir compte des dernières[...]

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Écrit par

  • : docteur ès sciences économiques, chercheur associé au C.A.T.T., université de Pau-et-des-Pays-de-l'Adour
  • : économiste

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