PRIMATES FOSSILES
Simiiformes
De l'ensemble des Haplorhini, que nous retiendrons tout de même pour simplifier, s'est sans doute détachée très tôt une branche méridionale, qui apparaît au début de l' Oligocène en Égypte. Ce sont les Simiiformes, que les auteurs anglos-saxons persistent à appeler Anthropoidea, bien que le terme prête à confusion car son acception est beaucoup plus large que celle de l'expression « Singes anthropoïdes ». Ils comprennent tous les vrais Singes, de l'Ancien comme du Nouveau Monde, et l'Homme. Ils se distinguent des Tarsiiformes par la soudure des deux branches de la mâchoire inférieure (comme chez certains Adapiformes), quelques particularités de la région tympanique, des annexes embryonnaires, le remplacement des dernières griffes par des ongles, la présence de deux mamelles pectorales et d'un utérus simplex. Chez l'embryon, la cavité amniotique primordiale se forme par cavitation (et non plissement). Le placenta est bidiscoïde (monodiscoïde chez Tarsius).
S'il est facile de caractériser les formes vivantes, le statut des plus anciennes (celles de l'Éocène) prête à discussion. Il semble qu'on puisse en écarter les genres birmans Amphipithecus, dont la symphyse mandibulaire n'est pas soudée, Pondaungia, qui semble n'être qu'un Adapidé, et Eosimias de Chine, trop différent des premiers Simiiformes du continent arabo-africain, où les découvertes se sont multipliées depuis 1990. Les plus anciens vrais Simiiformes, d'âge éocène peut-être inférieur, ont au moins 40 Ma, et proviennent surtout d'Algérie (Algeripithecus, Tabelia, Biretia) : il ne s'agit que de quelques dents, à tubercules arrondis. On ne sait encore s'ils dérivent d'Omomyidés primitifs venus du nord ou s'ils s'enracinent dans un groupe africain encore inconnu.
Vers la limite Éocène-Oligocène (autour de 35 Ma), les Simiiformes ont dû se diversifier largement en Afrique, si l'on en juge par la variété des taxons que révèlent les gisements du Fayoum en Égypte, exploités depuis les années 1960 par E. Simons. Certains d'entre eux, les Parapithécidés (Parapithecus, Apidium, Qatrania, Arsinoea, Serapia, auxquels il faut peut-être ajouter certaines des formes algériennes déjà citées), possèdent encore trois prémolaires par demi-mâchoire, mais plusieurs caractères dentaires dérivés (en particulier un tubercule supplémentaire sur les prémolaires supérieures) montrent qu'ils constituent bien un groupe à part, n'ayant donné naissance ni aux Simiens ultérieurs d'Afrique, qui n'ont plus que deux prémolaires, ni à ceux d'Amérique tropicale, les Platyrhiniens, qui en ont conservé trois.
Les Platyrhiniens se distinguent aussi des singes de l'Ancien Monde, les Catarhiniens, par de nombreux caractères primitifs de la dentition et du squelette (mentionnons la persistance de trois prémolaires, l'écartement des narines qui leur a valu leur nom, le pouce imparfaitement opposable), et de rares traits évolués (renforcement de P2 [P2/ et P/2], contact entre l'os jugal et l'os pariétal). De nombreuses particularités inconnues chez les Singes de l'Ancien Monde se rencontrent aussi çà et là chez certains Platyrhiniens : c'est le cas par exemple du remplacement des ongles par des griffes (donc retour à un état proche de la condition ancestrale) et de la naissance habituelle de jumeaux chez les Callithricidés (Ouistitis), ou du développement d'une queue préhensile faisant office de cinquième main chez les Atélidés (Atèle, Lagotriche).
Le plus ancien Platyrhinien connu, Branisella, provient de l'Oligocène de Bolivie (environ 26 Ma). Il n'est représenté que par deux fragments de mâchoires, mais l'histoire ultérieure du groupe est mieux documentée. Sa diversification semble avoir été précoce, comme le montre d'ailleurs[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Denis GERAADS : chargé de recherche au C.N.R.S.
Classification
Média
Autres références
-
COPPENS YVES (1934-2022)
- Écrit par Herbert THOMAS
- 2 313 mots
- 2 médias
...d'affirmer, vingt années plus tard, que « l'Homme est africain, descendant d'un singe africain ». C'est au Tchad, en effet, qu'Yves Coppens met au jour le plus vieil hominidé alors connu au centre de l'Afrique et au Sahara, qu'il nomme Tchadanthropusuxoris. Jalon important dans l'histoire des... -
LARTET ÉDOUARD (1801-1871)
- Écrit par Brigitte SENUT
- 841 mots
- 1 média
Paléontologue et préhistorien français, Édouard Lartet est connu pour avoir notamment découvert le premier singe fossile en 1836 (Pliopithecusantiquus), cette mise au jour venant à cette époque contredire les thèses de Georges Cuvier (1769-1832) pour qui les singes fossiles n’existaient...