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PRIMATES FOSSILES

Cercopithecoidea

Les Cercopithécoïdes sont les Singes à queue de l'Ancien Monde. Ils sont caractérisés par la structure de la couronne de leurs molaires, unique chez les Simiiformes : les tubercules sont réunis deux à deux pour former des crêtes transversales (lophes), de sorte que les molaires inférieures ressemblent aux supérieures. La cisaille entre la canine supérieure et la première prémolaire inférieure est très développée, spécialement chez les formes non arboricoles, et peut constituer une arme redoutable.

On distingue deux familles correspondant à deux types adaptatifs différents. Les Colobidés, colobes africains et semnopithèques asiatiques, sont très arboricoles (leur pied est capable de mouvements de rotation et leur pouce est réduit) et folivores (leur estomac est subdivisé et leur foie comporte de nombreux lobes). Les Cercopithécidés ( cercopithèques, babouins et macaques) sont parfois franchement terrestres (leur pied est moins mobile) ; leur alimentation est plus variée (elle est souvent collectée rapidement et conservée dans des bajoues avant d'être mastiquée en lieu sûr), le foie et l'estomac sont simples.

Les premiers Cercopithécoïdes, probablement frugivores à l'origine, apparaissent il y a près de 20 Ma en Afrique de l'Est, où ils sont bien représentés dans le gisement de Maboko, vieux de 15 Ma (avec Victoriapithecus, contemporain de son proche parent Prohylobates d'Afrique du Nord), mais ce n'est qu'à la fin du Miocène que ce groupe devient fréquent dans les gisements ; sa diversification semble donc relativement récente : elle est en tout cas postérieure à celle des Hominoïdes. Les Colobidés sont surtout connus à partir du Miocène supérieur d'Afrique, le genre Mesopithecus étant déjà répandu à cette époque dans tout le bassin méditerranéen, et jusqu'en Angleterre. Les Cercopithécidés ont aujourd'hui une plus large répartition, le genre Macaca, seul Cercopithécidé d'Eurasie, étant, après l'Homme, le plus adaptable des Primates. Ce sont de nos jours des Singes de taille moyenne, mais le Theropithecus du Pléistocène africain, parent du gelada des hauts plateaux éthiopiens, atteignait la taille d'un gorille femelle.

C'est parfois au voisinage des Cercopithécoïdes qu'on range un genre énigmatique du Miocène supérieur (environ 8 à 9 Ma), d'Italie, Oreopithecus. D'abord décrit, à partir de restes fragmentaires, par le paléontologue Gervais il y a plus d'un siècle, un squelette complet a été découvert en 1958 dans la mine de lignite de Grossetto en Toscane. La dentition d'Oreopithecus comporte un mélange de traits humains (canines réduites, P/3 molarisée), quelques ressemblances avec les Cercopithécoïdes, mais aussi des caractères très primitifs, disparus chez tous ses contemporains. Le crâne et le squelette ne sont pas moins hétéroclites. La face est courte, la symphyse mandibulaire redressée, la boîte crânienne plutôt globuleuse. Autres traits d'Hominidé encore, il n'y a ni queue ni callosités fessières et le bassin est évasé, ce qui a fait supposer qu'il menait une existence terrestre. Cependant, son environnement forestier et marécageux, et ses bras aussi longs que ceux d'un chimpanzé suggèrent plutôt un mode de vie arboricole. Si ses traits d'Hominidé sont aujourd'hui regardés comme des convergences, l'incertitude sur sa position systématique vient nous rappeler que les principes cladistes sont d'autant plus difficiles à appliquer que les fossiles sont plus complets.

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Phylogénie simplifiée des primates - crédits : Encyclopædia Universalis France

Phylogénie simplifiée des primates

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