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PRIMATES

Socialisation des jeunes

Quelle que soit sa durée, la phase d'immaturité se déroule toujours dans un environnement social défini par la structure et l'organisation sociale de l'espèce (ou du groupe), la vitesse de maturation des jeunes, le nombre de jeunes par parturition, et par des paramètres de la reproduction tels que l'intervalle entre les naissances (fonction de la durée de la gestation, de l'aménorrhée post partum et du nombre de cycles infertiles). C'est au cours de cette phase d'immaturité que s'effectuera l'essentiel de la « socialisation », processus par lequel le jeune Primate acquiert les capacités d'expression, plus ou moins spécifiques, les capacités de perception et met en place un réseau de relations sociales temporaire ou permanent. La dynamique de ce réseau permettra, en dernier lieu, la perpétuation de la structure sociale, mais sera aussi susceptible d'engendrer des variantes de ces structures, éléments essentiels d'adaptabilité.

Le concept de socialisation recouvre donc tous les processus d' apprentissage social permettant la création et le maintien d'un « lien » interindividuel. À propos de cet «  attachement », la précocité des jeunes Primates conduit à la création, dès la naissance, d'un contact entre la mère et son jeune d'une intensité et d'une durée exceptionnelles, au cours duquel le jeune est transporté et peut s'alimenter ; un tel contact est générateur de dépendance physiologique et affective. La socialisation est marquée par le développement d'une prise d'indépendance du jeune par rapport à sa mère et simultanément par le développement des interactions avec les autres membres du groupe. L'importance de la socialisation croît bien évidemment avec le degré de socialité des espèces mais aussi avec la vitesse du développement cérébral, qui globalement décline des Prosimiens aux Anthropoïdes.

L'existence d'un groupe social quelle qu'en soit la cohérence témoigne de la permanence de réseaux de relations privilégiées qu'on appelle « liens » sociaux. Elle conduit à adopter une approche « systémique » de la socialisation : c'est-à-dire d'envisager que tous les membres du groupe participent d'une manière ou d'une autre, mais nécessairement individualisée et dépendante des autres partenaires, aux apprentissages du jeune, qu'ils soient d'ordre social ou non social (Deputte, 1986).

La prise d'indépendance du jeune par rapport à sa mère ne constitue pas chez les Primates diurnes une rupture mais une phase d'« équilibration » des relations sociales, la mère ne représentant plus le pôle unique. Toutefois la diminution des contacts physiques entre une mère et son jeune ne signifie pas nécessairement une émancipation affective, comme en témoigne l'existence de périodes de régression comportementale (Horwich, 1974 ; Deputte, 1986) : lorsque la mère met au monde un nouveau-né, l'aîné qui venait juste de manifester une certaine indépendance recherche de nouveau une proximité étroite avec sa mère. De même, alors qu'il avait accru de lui-même la distance qui le séparait de celle-ci, il manifeste vigoureusement, gestuellement et vocalement, et lutte pour rétablir ou établir ce contact lorsque la mère, vers six ou huit mois, lui refuse ce contact et le repousse. En fait, le terme de « sevrage », chez les Primates, n'est pas réductible à l'arrêt de la lactation. Il recouvre l'ensemble des comportements maternels qui tendent à promouvoir la distanciation du jeune ; on parle alors de processus de sevrage. Les jeunes Primates commencent à prendre des aliments solides précocement (Prosimiens : Lorisiformes trois semaines, Lémuriformes un mois et demi à deux mois ; Platyrhiniens entre trois semaines et quatre[...]

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Écrit par

  • : docteur en éthologie, docteur ès sciences, professeur à l'École nationale vétérinaire d'Alfort

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Singes douroucoulis - crédits : Gérard Lacz /Biosphoto/ Photononstop

Singes douroucoulis

Tamarin - crédits : Steve Clancy Photography/ Moment/ Getty Images

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