UTILITÉ PRINCIPE D'
Bonheur et satisfaction des désirs
Une deuxième erreur très répandue consiste à croire que le bonheur dont parlent les utilitaristes représente la « satisfaction des désirs » (ou simplement la « satisfaction », qui est le but que poursuit le consommateur dans la théorie économique). Le fait que les utilitaristes désignent le bonheur par le mot « utilité » (comme dans l'expression « utilité publique »), mot par lequel les économistes désignent la satisfaction du consommateur, n'a pas arrangé les choses. Mais par « bonheur », les utilitaristes n'entendent pas du tout la satisfaction maximale des désirs.
Si par bonheur on entend « une vie composée de plaisirs abondants et variés et de peines peu nombreuses et transitoires » (Mill, Utilitarisme), il n'est pas difficile de voir que certains désirs (souvent parmi les plus forts), ainsi que leur satisfaction, sont mal orientés. L'assouvissement de ces désirs peut engendrer plus de peines que de plaisirs. Leur réalisation peut apporter de la satisfaction, mais elle entraîne bien d'autres conséquences nocives, de sorte que le bonheur total est diminué. Hume l'exprimait ainsi : « Nous nous adressons au philosophe pour savoir... lesquels de nos désirs nous devons satisfaire » (Essays, 1741).
Parmi les économistes, l'auteur de The Economics of Welfare, Arthur Cecil Pigou, écrit que « les mauvaises satisfactionspeuvent difficilement contribuer au bien-être [...] c'est en s'appuyant, en partie ou totalement, sur cet argument que les gouvernements découragent l'achat d'opium » (Income, An Introduction to Economics, 1949).
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Écrit par
- Francisco VERGARA : président de l'Association pour la diffusion de l'économie politique
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