NATIONALITÉS PRINCIPE DES
Napoléon III et les unités nationales
Napoléon III fut le premier souverain à comprendre cette évolution et à faire du principe des nationalités une des bases de sa politique étrangère. Son hostilité aux traités de 1815 le poussait à envisager une révision des frontières européennes. Et l'évocation du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes fournissait une justification morale à son action. C'est pourquoi le principe des nationalités fut souvent proclamé et L. de La Guéronnière écrivait en 1859 : « L'empereur Napoléon s'est cru obligé de conquérir les nationalités pour les affranchir ; si jamais son successeur avait à les défendre, ce serait pour les affranchir sans les conquérir. » Le second empereur des Français semble avoir pensé qu'une Europe fondée sur les nationalités pouvait vivre en paix. Il aida en 1859 à la formation de l'État roumain. Mais c'est surtout en Italie que le principe des nationalités trouva, grâce à lui, son application la plus large et la plus pacifique, grâce à la pratique du plébiscite. Toutefois, cela n'empêchait pas Napoléon III d'agir différemment lorsque les intérêts français étaient en jeu. N'écrivait-il pas à E. Rouher à propos de la Belgique : « Il faudra se placer hardiment sur le terrain des nationalités. Il importe d'établir dès à présent qu'il n'existe pas de nationalité belge et de fixer ce point essentiel avec la Prusse. » Derrière le principe des nationalités apparaissait le nationalisme : Napoléon III ne faisait en cela que suivre l'exemple des Allemands. Dès 1860, l'écrivain Heinrich von Treitschke, à propos des duchés danois, formulait en ces termes la doctrine allemande : « Le droit des Schleswig Holstein à se déterminer eux-mêmes est limité par les droits et les intérêts de la nation allemande. »
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- André THÉPOT : professeur des Universités
Classification
Média
Autres références
-
AUTRICHE
- Écrit par Roger BAUER , Jean BÉRENGER , Annie DELOBEZ , Encyclopædia Universalis , Christophe GAUCHON , Félix KREISSLER et Paul PASTEUR
- 34 125 mots
- 21 médias
Si, rétrospectivement, nous sommes sensibles à une certaine unité dans le style de vie, les manières de penser et de sentir (il reste d'ailleurs à écrire une histoire comparée des littératures allemande, tchèque et hongroise de cette époque), les contemporains ressentaient essentiellement les antagonismes... -
BADENI KASIMIR comte (1846-1909)
- Écrit par Jean BÉRENGER
- 332 mots
Aristocrate polonais possessionné en Galicie, le comte Kasimir Badeni joue un rôle important dans la vie politique autrichienne, comme nombre de ses compatriotes du Club polonais dont les voix sont indispensables pour assurer une majorité au gouvernement de Cisleithanie. D'abord gouverneur de Galicie,...
-
CHARLES Ier (1887-1922) empereur d'Autriche (1916-1918)
- Écrit par Jean BÉRENGER
- 360 mots
- 1 média
Petit-neveu de l'empereur François-Joseph Ier, Charles Ier est le dernier Habsbourg à régner. Devenu archiduc héritier par suite de l'assassinat de son oncle François-Ferdinand en 1914, il monte sur le trône en pleine guerre mondiale en 1916. Armé de beaucoup de bonne volonté, il n'a pas les...
-
COMMUNISME - Mouvement communiste et question nationale
- Écrit par Roland LOMME
- 21 116 mots
- 6 médias
...les autres condamnées par la révolution et obstacles au progrès. L'aspiration légitime des premières à l'indépendance ne saurait se confondre avec le « principe des nationalités » que revendiquent les peuples d'Europe centrale. Seuls les « peuples historiques de l'Europe », c'est-à-dire les peuples allemand,... - Afficher les 14 références