PRIX LASKER 2019
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Le prix Lasker-DeBakey pour la recherche clinique
Le prix pour la recherche clinique vient récompenser un trio de chercheurs, deux Américains, H. Michael Shepard et Dennis J. Slamon, et un Allemand, Axel Ullrich, pour la mise au point du traitement immunologique d’une forme de cancer du sein.
Axel Ullrich est né le 19 octobre 1943 à Lauban, en Silésie. Diplômé de l’université de Heidelberg en 1975, il rejoint celle de San Francisco pour un postdoctorat puis l’entreprise Genentech en 1978. Fondateur de plusieurs autres compagnies de biotechnologies, ce biochimiste a contribué à l’Oncogenome Projectde Singapour et dirigé l’Institut Max-Planck de biochimie à Martinsried en Allemagne.
H. Michael Shepard, né en 1942, a fait ses études à l’université de Californie à Davis puis ses recherches à l’université de l’Indiana. Il a rejoint Genentech en 1980. Il a également contribué au lancement de plusieurs sociétés de biotechnologies orientées vers le traitement de cancers.
Dennis Slamon est né le 8 août 1948 à New Castle (Pennsylvanie). Docteur en biologie cellulaire de l’université de Chicago et médecin résident en 1978, il rejoint ensuite l’université de Californie à Los Angeles où il devient directeur du département d’hématologie-oncologie.
Les travaux des trois futurs récipiendaires du prix Lasker-DeBakey s’enracinent dans la recherche des gènes contribuant au développement de cancers. Axel Ullrich travaille alors chez Genentech, une start-up de génétique moléculaire basée à San Francisco. Après le clonage de plusieurs gènes de cancer, il isole en 1985 celui du récepteur au facteur de croissance épidermique, qu’il appelle HER2. Plus l’expression de ce récepteur est forte à la surface des cellules, plus celles-ci se divisent rapidement. Un peu plus tard, Stuart Aaronson au National Cancer Institute découvre dans une lignée de cellules tumorales isolée d’un cancer du sein que le nombre de gènes de HER2 y est fortement augmenté. S’appuyant sur ce constat, Dennis Slamon examine méthodiquement, dès 1987, la banque de biopsies de cancers du sein établie par William McGuire à San Antonio (Texas) : environ 30 % des patientes recensées dans cette base surexpriment HER2 et, pour elles, le pronostic est particulièrement mauvais. La corrélation est forte. Michael Shepard et Axel Ullrich, toujours à Genentech, s’associent pour produire un anticorps qui, lorsqu’il se fixe sur HER2, en bloque la fonction. Shepard modifie l’anticorps (ce dernier, d’origine murine, serait rejeté par l’organisme) qui est alors appelé trastuzumab (Herceptin® pour son nom commercial). Les essais cliniques débutent en 1998. Entre-temps, un second anticorps, pertuzumab (commercialisé sous le nom de Perjeta®), qui se fixe sur une autre région de HER2, a été mis au point par Genentech. L’association des deux molécules, avec souvent un dérivé du taxol, se révèle très efficace chez les patientes dont le cancer métastatique surexprime HER2.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
Classification
Médias