- 1. Le prix Albert-Lasker pour la recherche médicale fondamentale : l’activation de l’immunité innée
- 2. Le prix Lasker-DeBakey pour la recherche clinique : des médicaments efficaces contre l’obésité
- 3. Le prix Lasker-Bloomberg pour le bien public : la prévention de la transmission hétérosexuelle du sida
PRIX LASKER 2024
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Les prix 2024 de la fondation Albert-et-Mary-Lasker – plus communément appelés « prix Lasker » et tenus pour être les équivalents américains du prix Nobel de physiologie ou médecine – ont été attribués le 19 septembre de cette même année. Ils distinguent six scientifiques : en recherche médicale fondamentale, Zhijian « James » Chen pour ses travaux sur la réponse immunitaire innée et la lutte contre les agents pathogènes ; en recherche clinique, Joel Habener, Svetlana Mojsov et Lotte Bjerre Knudsen pour leurs travaux sur l’hormone digestive GLP-1 et son rôle dans l’obésité ; concernant le bien public, Quarraisha et Salim S. Abdool Karim pour leurs travaux sur la lutte contre le virus du sida (VIH) dans un contexte d’inégalités sociales.
Le prix Albert-Lasker pour la recherche médicale fondamentale : l’activation de l’immunité innée
Le prix Albert-Lasker 2024 pour la recherche médicale fondamentale est allé au chercheur sino-américain Zhijian « James » Chen. Ses travaux concernent l’élucidation des mécanismes par lesquels l’organisme reconnaît l’ADN et l’ARN des agents pathogènes (bactéries et virus) comme autant de « signaux de danger », et les élimine en activant les acteurs programmés de l’immunité innée.
Une des premières contributions de Chen et son équipe a été l’identification, en 2006, d’une protéine mitochondriale qui reconnaît les ARN double brin viraux et active la libération d’interférons, protéines dotées d’une forte activité antivirale. Une autre voie d’activation de l’immunité innée est ensuite mise en lumière par Chen et son groupe. Cette voie est liée à la présence d’ADN dans le cytoplasme, qu’il soit libéré par des pathogènes ou par des cellules endommagées. L’équipe démontre en 2013 que cet ADN se lie à une enzyme cytoplasmique, la cGAS (pour cyclic GMP-AMP synthase), qui synthétise alors le dinucléotide cGAMP, ce dernier allant lui-même activer la protéine STING (stimulator of interferon genes) pour aboutir finalement à la libération d’interférons. Les effets de cGAS ne sont pas limités à la défense antibactérienne : l’enzyme est impliquée dans des pathologies auto-immunes (en particulier le lupus), neurodégénératives et dans des cancers.
Zhijian Chen est né en 1966 aux débuts de la révolution culturelle, dans le village de Nandou, proche de Anxi, dans la province du Fujian. Son père est déporté peu de temps après sa naissance et sa mère, institutrice, l’élève seule avec ses deux frères. Il étudie à l’université du Fujian, en sort diplômé en biologie en 1985 et obtient une bourse de formation aux États-Unis – où il effectuera toute sa carrière.
Pendant ses années de doctorat, à l’université de Buffalo en 1991, puis son postdoctorat, à l’institut Salk de La Jolla (Californie), Chen s’intéresse aux processus biochimiques liés à la réponse immunitaire. À partir de 1997, il développe son travail dans ce domaine au Southwestern Medical Center (université du Texas, à Dallas). C’est là qu’il obtient les résultats qui lui valent ce prix Lasker 2024.
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Écrit par
- Gabriel GACHELIN : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur
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Média