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PRIX NOBEL DE CHIMIE 2015

Le prix Nobel de chimie 2015 a été attribué à Tomas Lindahl, Aziz Sancar et Paul Modrich pour leurs travaux sur les mécanismes de réparation de l’ADN.

L’ADN, support matériel de l’hérédité chez la plupart des organismes, est une longue molécule sensible à de nombreux agents physico-chimiques (molécules réactives, rayons X, rayons ultraviolets, etc.) qui peuvent la couper ou la modifier. En dépit de ces agressions potentielles récurrentes, l’ADN reste correctement transmis d’une génération à une autre ainsi qu’au cours des divisions cellulaires. Cette transmission correcte de l’information génétique n’est pas due au fait que l’ADN est une molécule finalement plutôt stable, comme on l’a cru jusqu’au début des années 1960. En réalité, les atteintes que l’ADN subit sont corrigées en permanence, du moins normalement, par une machinerie cellulaire qui vérifie l’état de cette molécule pendant la division cellulaire et corrige les défauts et les erreurs survenus. Lorsque ces corrections ne sont pas effectuées, des mutations apparaissent dont certaines sont pathogènes : celles-ci sont à l’œuvre dans la genèse de la plupart des cancers. Ainsi le prix Nobel de chimie 2015 récompense-t-il les auteurs des études les plus significatives sur ces mécanismes moléculaires de réparation de l’ADN et, donc, sur la genèse de cancers et autres pathologies en particulier neurodégénératives. Si ces trois scientifiques ont travaillé sur les systèmes de réparation de l’ADN, les apports de chacun sont indépendants et bien cernés.

Tomas Lindahl - crédits : Facundo Arrizabalaga/ EPA

Tomas Lindahl

Tomas Lindahl, né en 1938 à Stockholm, est un chercheur suédois spécialisé dans le cancer. Il a travaillé aux États-Unis puis au Royaume-Uni jusqu’en 2009, date de son départ à la retraite. On lui doit la description de plusieurs familles d’enzymes qui contribuent à l’excision des séquences d’ADN anormales, à leur correction puis au raboutage des extrémités des molécules d’ADN corrigées. On lui doit également l’identification d’enzymes qui modifient l’ADN et permettent l’adaptation des cellules à des variations de l’environnement. Une partie de son travail s’est orientée vers l’application de ces résultats pour mettre au point des médicaments antitumeurs plus sélectifs et plus actifs.

Paul Modrich - crédits : M. Morr/ Duke University/ AFP

Paul Modrich

Paul Modrich, né en 1946, est quant à lui un chercheur américain à l’université Duke et au Howard Hughes Medical Institute. Ses contributions portent surtout sur la manière dont est réalisée la correction des erreurs d’appariement entre les bases nucléiques des deux brins d’ADN complémentaires (phénomène appelé mismatchrepair), la forme la plus fréquente d’erreurs de copie lors de la division cellulaire. L’inactivation de ce système de réparation joue un rôle dans certains cancers comme le cancer colorectal et dans certaines maladies neurodégénératives

Aziz Sancar - crédits : M. Englund/ UNC School of medicine/ AFP

Aziz Sancar

Aziz Sancar, enfin, est un chercheur américain d’origine turque, né en 1946 à Savur (sud de la Turquie), actuellement chercheur à l’université de Caroline du Nord à Chapel Hill. Il a également étudié le système mismatchrepair particulièrement dans le cas des lésions de l’ADN induites par les rayons ultraviolets. On lui doit la détermination de plusieurs protéines qui, se fixant à l’ADN, en facilitent la réparation. Il travaille actuellement sur les « points de contrôle » de l’ADN qui arrêtent la multiplication cellulaire en cas de défauts majeurs. Le destin d’Aziz Sancar est certainement le plus inhabituel des trois lauréats. Issu d’une famille de huit enfants, ce n’est que tardivement qu’il entreprend des études de médecine à Istanbul. Il est médecin de campagne dans sa ville natale durant deux ans avant d’aller séjourner en formation aux États-Unis et y entamer des études de biochimie à l’âge de vingt-sept ans.

— Gabriel GACHELIN

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Écrit par

  • : chercheur en histoire des sciences, université Paris VII-Denis-Diderot, ancien chef de service à l'Institut Pasteur

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Tomas Lindahl - crédits : Facundo Arrizabalaga/ EPA

Tomas Lindahl

Paul Modrich - crédits : M. Morr/ Duke University/ AFP

Paul Modrich

Aziz Sancar - crédits : M. Englund/ UNC School of medicine/ AFP

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