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Une nouvelle lignée humaine : les Dénisoviens

En 2010, grâce à l'étude de l'ADNmt extrait d’un fragment d’une phalange de main mis au jour en 2008 dans la grotte de Denisova (sud de la Sibérie), Svante Pääbo découvre une nouvelle lignée humaine fossile : les Dénisoviens. Leur ADNmt révèle une divergence de cette lignée avec celle des Néandertaliens et des humains actuels aux alentours de 1 million d’années. Qui sont-ils ? D’où venaient-ils ? De quoi ont-ils été les artisans ? Les Dénisoviens sont avant tout connus par la variabilité de leur génome, plus que par celle de leurs dents et os, ou de leurs productions culturelles.

Toujours en 2010, la première étude de l’ADNn d’un homme de Denisova permet à Svante Pääbo de démontrer que les gènes dénisoviens contribuent pour 4 à 6 % au génome des Mélanésiens actuels. La lignée dénisovienne est cousine de celle des Néandertaliens avec un ancêtre commun aux alentours de 640 000 ans. Pour le dernier ancêtre commun dénisovien-néandertalien et la lignée conduisant aux humains actuels, l’ancienneté est de 804 000 ans. Enfin, l’existence d’une lignée humaine eurasiatique plus ancienne, toujours inconnue, doit être envisagée pour expliquer une partie de ces résultats. Elle se serait séparée de celle commune aux Homo sapiens, Néandertaliens et Dénisoviens il y a près de 1,4 million d’années.

En 2014, l’étude de l’ADNn d’une phalange de pied découverte dans la grotte de Denisova – provenant du niveau stratigraphique livrant la majorité des restes dénisoviens – montre que ce fossile n’appartient pas à un Dénisovien mais à un Néandertalien. Les résultats de cette étude – incluant aussi des Néandertaliens de Vindija et de Mezmaiskaya (Caucase russe) – mettent en évidence plusieurs épisodes d’échanges génétiques entre Néandertaliens, Dénisoviens et ancêtres des humains actuels ainsi qu’une forte endogamie chez les Néandertaliens sibériens.

À la suite d’un véritable exploit scientifique de l’équipe dirigée par Svante Pääbo (et coup de chance aussi), l’année 2018 voit la publication d’une partie du génome nucléaire d’une métisse de première génération issue d’une mère néandertalienne et d’un père dénisovien. Ce dernier avait eu dans ses ancêtres des néandertaliens d’une population différente de celle de la mère. Malheureusement, cette métisse n’est connue que par un très petit fragment osseux.

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Écrit par

  • : directeur de recherche au CNRS, directeur du département de sciences archéologiques de l'université de Bordeaux

Classification

Média

Svante Pääbo - crédits : Frank Vinken/ Max Planck Society

Svante Pääbo