PRIX
Formation des prix
La question de la formation des prix est au cœur de la théorie économique. Il s'agit pour l'économiste de dépasser le constat que les prix sont in fine le résultat d'un marchandage entre deux parties, résultat nécessairement arbitraire puisque déterminé par le rapport de force des échangistes. Il cherche alors à établir les lois de formation et de variation des prix.
C'est ainsi que les économistes classiques – Adam Smith, David Ricardo – distinguent le prix de marché d'un bien, prix effectivement pratiqué et fluctuant au gré de l'offre et de la demande, de son prix naturel, déterminé par la quantité de travail nécessaire à sa production ; la concurrence est alors censée garantir la convergence du prix de marché vers le prix naturel, correspondant à la véritable valeur du bien. Les économistes néo-classiques, tels que Léon Walras ou Stanley Jevons, en revanche, abandonnent cette distinction : les prix résultent directement de la confrontation de l'offre et de la demande globales. Ces offres et demandes globales, sommes des offres et demandes individuelles, sont théoriquement obtenues à partir de la maximisation par les agents de l'utilité retirée de leur consommation ou du profit retiré de leur production. Leur confrontation doit provoquer les ajustements de prix, nécessaires à l'obtention d'un équilibre. Les déterminants des prix – relatifs ici – sont ainsi les goûts des consommateurs (à l'origine de l'utilité que chacun associe aux différents biens), leurs ressources et les techniques de production. Ces théories achoppent sur des problèmes sérieux : celui de l'évaluation en travail du prix naturel dans la théorie classique, celui de l'explication des variations des prix ou encore de la nécessité d'une organisation sociale centralisée dans la théorie néo-classique. Ainsi, force est de constater qu'il n'existe pas de théorie de la formation des prix satisfaisante en économie. Reste l'observation de l'évolution des prix nominaux.
Pour l'économiste, les prix constituent la principale information nécessaire aux individus pour agir, les signaux pertinents sur la base desquels se déterminent les décisions de production, d'investissement, de consommation. Il est donc indispensable qu'ils restent facilement prévisibles, toute prise de décisions devenant particulièrement risquée dans un environnement trop incertain. En témoignent les plaintes récurrentes concernant la volatilité de la Bourse ou des taux de change. Exception faite de tels secteurs où la spéculation est vive, les économies modernes se caractérisent – hors périodes de crise ou d'innovations importantes – par l'absence de fluctuations importantes des prix. Soit un accord tacite est passé entre les principaux producteurs afin d'éviter une guerre des prix, soit la concurrence est réglementée par l'État grâce à la mise en place d'autorités de régulation (dans certains secteurs, télécommunications, électricité, etc.), soit les prix sont directement administrés, c'est-à-dire déterminés par l'État.
L'économiste suppose souvent que la concurrence a pour effet d'uniformiser le prix d'un bien ; si en théorie, les comportements d'arbitrage des agents consistant à comparer les prix éliminent les différences de prix pour un même bien, en pratique, ces différences persistent. D'une part, cette tendance à l'uniformisation suppose, pour être effective, que les agents soient parfaitement informés des prix pratiqués ; d'autre part, un bien n'est pas seulement défini par ses caractéristiques physiques mais aussi par le lieu et le moment où il est disponible. Car si on peut admettre que deux unités d'un même bien disponible au même endroit et au même moment ont un même prix, tel n'est pas forcément le cas si ce bien est[...]
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Écrit par
- Nathalie BERTA : maître de conférences à l'université de Reims
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