PROBOSCIDIENS
Aperçu phylogénétique
Avec les Desmostyliens (un ordre de Mammifères amphibies de la taille d'un hippopotame qui s'éteignirent à la fin du Miocène), les Proboscidiens et les Siréniens constituent le groupe des Tethytheria.
Le proboscidien le plus primitif et le plus ancien connu est Phosphatherium, qui a été découvert en 1996 dans l'Éocène basal (55 millions d'années) du Maroc. Ce petit animal, de la taille d'un renard actuel, est dépourvu de trompe et de défenses mais il présente déjà quelques caractères crâniens éléphantins comme la morphologie de l'arcade zygomatique. Les genres éocènes Daouitherium (Maroc), Numidotherium (Algérie) et Barytherium (Égypte, Libye) sont plus grands (le dernier nommé ayant la taille d'un éléphant) et sont tous munis de molaires très simples à deux crêtes tranchantes (régime alimentaire folivore). Le genre Moeritherium (Éocène-Oligocène) – connu en Égypte, en Algérie, au Mali – présente un corps allongé et bas sur pattes (mode de vie amphibie). Jusqu'à la découverte de Phosphatherium, il a été tenu pour le plus primitif des proboscidiens. Il est en fait plus proche parent du groupe formé par les deinothères et les éléphantiformes (mastodontes et éléphants).
Les Deinothériidés, avec deux genres, Prodeinotherium et Deinotherium, du Miocène au Pléistocène inférieur, avec leurs défenses inférieures fortement recourbées, constituent le groupe frère des Elephantiformes avec une posture graviportale et taxéopode (mais certains des caractères du squelette sont convergents). Quant aux éléphantiformes, les genres les moins dérivés sont Palaeomastodon et Phiomia, tous les deux de l'Oligocène du Fayoum, sans succession dentaire de type éléphantin. L'un des nœuds suivants sépare les mammutidés des éléphantiformes plus dérivés. Parmi les mammutidés sont regroupés différents genres, dont Zygolophodon, du Miocène moyen au Pliocène supérieur d'Europe, Miomastodon, du Miocène moyen des États-Unis et Mammut depuis le Miocène supérieur en Europe jusqu'à – 10 000 ans en Amérique du Nord. D'un nœud suivant sortent les amébélodontidés dont l'un des traits les plus remarquables est l'allongement très important de la symphyse mandibulaire qui, prolongée par deux défenses aplaties, ressemble à une pelle. Au nœud suivant se séparent les mastodontes gomphothères trilophodontes avec, entre autres, les genres Gomphotherium du Miocène moyen d'Europe, Rhynchotherium du Miocène supérieur et du Pliocène d'Amérique du Nord et d'Amérique centrale, Cuvieronius du Pléistocène de la zone andine, Haplomastodon de l'Amérique du Sud tropicale, Stegomastodon du Plio-Pléistocène des États-Unis et du Pléistocène du Pampéen de l'est de l'Amérique du Sud, Notiomastodon du Pléistocène de la région de Buenos Aires. Le groupe des mastodontes gomphothères tétralophodontes comprend les genres Tetralophodon du Miocène supérieur d'Eurasie et Anancus du Miocène supérieur-Pliocène d'Eurasie et du Miocène supérieur-Pléistocène moyen d'Afrique. Les Stegodontidae comprennent les genres Stegolophodon du Miocène d'Asie, et Stegodon du Plio-Pléistocène d'Asie et du Pliocène inférieur d'Afrique. Issus, comme les stégodontidés, des gomphothères tétralophodontes, les Elephantidae comprennent les genres Stegotetrabelodon, Stegodibelodon, Selenetherium, Primelephas, Loxodonta, Elephas et Mammuthus. Ce dernier, dont on a retrouvé des spécimens de l'espèce M. primigenius conservés dans le permafrost sibérien, s'est éteint il y a 3 800 ans, dans l'île refuge de Wrangel au Nord de la Sibérie. Les premiers représentants fossiles des genres actuels Elephas et Loxodonta sont décrits en Afrique au Miocène supérieur, vers 6-7 millions d'années.
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Écrit par
- Robert MANARANCHE : docteur ès sciences, maître assistant à l'université de Paris-VII
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- Pascal TASSY : professeur émérite du Muséum national d'histoire naturelle, Paris
Classification
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