- 1. L'agonie des empires
- 2. Les évolutions décalées de l'entre-deux-guerres
- 3. Guerre froide et conflit israélo-arabe
- 4. Des États « autoritaires-modernisateurs »
- 5. Percées saoudiennes
- 6. L'ébranlement iranien
- 7. Fin de l'ère bipolaire et nouvel ordre régional arabe
- 8. États consolidés, régimes contestés
- 9. Le « moment américain » au Moyen-Orient
- 10. Le tournant des « révolutions arabes »
- 11. Bibliographie
PROCHE ET MOYEN-ORIENT CONTEMPORAIN
Guerre froide et conflit israélo-arabe
La Seconde Guerre mondiale fait basculer le Moyen-Orient dans la guerre froide. Sa longue frontière commune avec l' U.R.S.S. et l'importance des ressources pétrolières indispensables à la reconstruction de l'Europe suffisent à l'expliquer. La guerre froide commence en Iran lorsque les Soviétiques refusent de se retirer du pays et apportent leur soutien aux expériences autonomistes des Azéris et des Kurdes. Elle s'y prolonge autour de l'enjeu pétrolier lorsque le gouvernement de Front national du docteur Mossadegh, au terme d'infructueuses négociations avec l' Anglo-Iranian Petroleum Company (A.I.O.C.) sur le partage des profits, décide la nationalisation du pétrole iranien. Dans l'épreuve de force qui l'oppose à la communauté internationale, le régime bénéficie dans un premier temps d'un large soutien dans les forces politiques du pays depuis le Tudeh jusqu'à la fraction du clergé regroupée derrière l'ayatollah Kashani. Le pouvoir autant que l'opinion espèrent encore être en mesure de compter sur l'appui américain. Mais, lorsque le général Zahedi renverse le gouvernement, en août 1953, avec l'aide de la C.I.A., aucun doute n'est plus permis sur la position des États-Unis après l'arrivée à la Maison-Blanche du tandem Eisenhower-Foster Dulles.
La Turquie pour sa part a choisi le camp occidental dès 1945 en dépit de la politique de neutralité menée par Ismet Inönü durant la guerre. En 1947, Ankara adhère à la doctrine Truman et accorde des bases militaires aux États-Unis. Son entrée à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (O.T.A.N.), en 1951, en fait une pièce maîtresse du dispositif occidental qui sera complété, en 1955, par la signature du pacte de Bagdad, traité de défense commune qui regroupe, autour de la Grande-Bretagne, la Turquie, l'Irak, l'Iran et le Pakistan. Un cordon étanche cerne désormais les frontières de l'U.R.S.S. entre l'O.T.A.N. et l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (O.T.A.S.E.). Mais l'Occident souhaiterait rattacher l'ensemble de l'Orient arabe au système de sécurité occidental. Si cette région n'est placée qu'en deuxième ligne en termes de stratégie pure, l'exploitation des gisements pétroliers de la péninsule lui confère un poids nouveau dans la géopolitique régionale.
Mais l'onde de choc de la naissance d' Israël, le 14 mai 1948, a profondément déstabilisé le Proche-Orient. La défaite des armées arabes en Palestine a jeté le discrédit sur les élites au pouvoir, et des militaires nationalistes profiteront des tensions régionales pour renverser les oligarchies en place. La Syrie connaît trois coups d'État au cours de la seule année 1949. En Égypte, l'échec de la Palestine, mal compensé par l'occupation de la bande de Gaza, vient exacerber les vieilles frustrations nationales : le Soudan et plus encore Suez où se développe, au début des années 1950, une guérilla larvée. De nombreux Frères musulmans y participeront, de même qu'un certain Yasser Arafat. Le renversement de la monarchie par les Officiers libres de Nasser, en 1952, vient couronner cette effervescence nationaliste. Seule la Transjordanie hachémite a pu annexer la Cisjordanie en 1950 avec la bénédiction de la Grande-Bretagne, tout en échappant aux radicalisations politiques internes. Dès lors, le rejet d'Israël apparaît comme un élément central de la culture politique arabe, celle des élites comme celle des opinions publiques. Le nouvel État n'est pas perçu dans sa dimension nationale, mais comme une insupportable greffe étrangère sur le sol de la patrie arabe et comme l'ultime séquelle de l'impérialisme occidental au Proche-Orient. Mais, alors que la priorité des gouvernements arabes reste la lutte contre Israël,[...]
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Écrit par
- Nadine PICAUDOU : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales, Paris
- Aude SIGNOLES : maître de conférences habilitée à diriger des recherches, Sciences Po Aix
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