PROCRÉATION
De l'embryon au fœtus
Dans l'espèce humaine, l'œuf fécondé (fig. 1) migre à travers la trompe, et ne s'implante que vers le huitième jour dans la muqueuse utérine (nidation). Pendant ces sept jours d'autonomie, des divisions cellulaires successives ont partagé la masse ovulaire en une centaine de cellules, sans augmentation du volume global.
Du fait de la duplication chromosomique qui précède chaque division, toutes les cellules ont reçu un stock chromosomique identique à celui de la cellule œuf initiale : chacune d'elles contient ainsi la totalité de l'information génétique.
La manière dont celle-ci va s'exprimer, dans les jours qui suivent, sera dissemblable suivant les groupes cellulaires, qui vont ainsi s'engager dans un processus de différenciation. Leur ségrégation successive, en fonction de leur destinée désormais bien définie, aboutira à la mise en place des ébauches des organes.
La première spécialisation a eu lieu dès la troisième division. Elle a permis la formation d'une enveloppe (fig. 2) appelée trophoblaste (d'où dérivera le placenta), chargée de la nutrition, qui entoure un groupe de cellules, le « bouton embryonnaire » dont dérivera l'embryon proprement dit (fig. 3).
L'implantation dans la muqueuse utérine (nidation) est accompagnée d'un développement extrêmement rapide du trophoblaste qui dissout les tissus maternels, en absorbe la substance, et en transmet les éléments nutritifs au bouton embryonnaire. En une semaine, la masse du trophoblaste est multipliée par 20 000, tandis que celle du bouton embryonnaire s'accroît quatre fois seulement. En revanche, une intense activité d'organisation répartit les cellules du « bouton » en deux vésicules, accolées par leurs bases en forme de disque.
Aux environs du treizième-quatorzième jour, un troisième disque, issu de la prolifération des cellules superficielles (fig. 4), se glisse entre les deux autres : cette mise en place « oriente » l'embryon, dont l'extrémité caudale est marquée par le point d'origine des cellules du disque intermédiaire. Les tissus qui dérivent de ce « troisième feuillet » formeront, outre les muscles et les os, la plupart des viscères, et tout d'abord le cœur : dès le quatorzième jour, le tube cardiaque, dépourvu de toute connexion vasculaire (il n'y a pas encore de vaisseaux), est animé de battements.
Pendant la troisième semaine de vie, la croissance de l'embryon est considérable. Il prend du relief sur le disque primitif (fig. 5), la segmentation vertébrale apparaît, les principaux organes s'ébauchent. La circulation s'établit dès le vingt et unième jour, ce qui améliore les conditions de transport des éléments nutritifs à partir des villosités placentaires qui se sont organisées au sein du trophoblaste. Un système rénal primitif se charge, en partie, de l'élimination (fig. 6).
L'o rganogenèse débute dans les trois semaines suivantes. On ne saurait trop insister sur l'importance des événements qui se déroulent entre le quatorzième et le quarante-deuxième jour : en quatre semaines, le poids de l'embryon passe de 1 millième de milligramme à 150 milligrammes (× 150 000) et tous les principaux systèmes deviennent fonctionnels (tabl. 1). C'est l'ébauche d'un corps organisé, celui du fœtus, dont les différentes parties sont reconnaissables.
Dès lors et jusqu'à terme (et au-delà du terme), la vitesse de croissance se ralentit tandis que chacun des appareils se prépare aux bouleversements qui se produiront lors de la naissance. Jusqu'à cet événement, le placenta assurera l'oxygénation et l'alimentation, sans préjudice d'un grand nombre de fonctions hormonales.
Le placenta se comporte comme une membrane passivement perméable... et aussi[...]
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Écrit par
- Bernard JAMAIN : professeur au Collège de médecine, médecin des hôpitaux de Paris
- Paul-François LEROLLE : docteur en médecine
- Yves MALINAS : docteur en médecine, ancien professeur à la faculté de médecine de Grenoble
- Jacques TESTART : directeur de recherche honoraire à l'INSERM
Classification
Médias
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