PRODROGUE, angl. PRO-DRUG
Le terme de prodrogue serait la traduction du mot anglo-saxon prodrug, qui lui est préféré dans tous les textes, y compris ceux qui sont rédigés en français. Cette préférence résulte de la différence entre les acceptions de drug, qui est l'équivalent de médicament, et de drogue, qui s'utilise à la fois dans le vocabulaire toxicomanique et dans la pharmacopée comme nom générique des matières premières destinées à la préparation des médicaments.
Dans le cadre de cette dernière définition, le terme de prodrogue (prodrug) désigne tout composé destiné à l'usage thérapeutique qui doit subir une biotransformation, après administration à un organisme, pour que s'exerce une activité biologique. C'est une forme d'optimisation par modulation moléculaire où la chimie intervient pour modifier non pas les propriétés pharmacodynamiques intrinsèques de la molécule considérée, mais pour changer ses propriétés pharmacocinétiques (ou parfois galéniques).
La prodrogue s'obtient notamment en liant une molécule active, en général par une liaison covalente, à un groupement temporaire, ce qui fournit une nouvelle molécule, par elle-même inactive ou moins active que le médicament d'origine. Elle doit être clivable in vivo à une vitesse supérieure à celle de son propre métabolisme, et à celle du métabolisme du médicament libéré. En outre, le groupement temporaire libéré ne doit pas avoir, par lui-même, d'action pharmacologique ni de toxicité.
Le recours à la constitution de prodrogues est souhaitable dans un grand nombre de cas ; par exemple, pour améliorer la formulation (liquide à présenter en comprimés), les propriétés organoleptiques (masquage de l'odeur ou de la saveur), le métabolisme (diminution de sa vitesse dans les traitements au long cours, effets retards), la stabilité (résistance au milieu stomacal, aux enzymes hépatiques), le passage des barrières (intestinale, cutanée, oculaire, hématoencéphalique), la répartition tissulaire (diminution de la toxicité des cytotoxiques en chimiothérapie anticancéreuse) et l'excrétion rénale.
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Écrit par
- Jean-Cyr GAIGNAULT : docteur en pharmacie à l'université de Paris, docteur ès sciences physiques, membre de l'Académie nationale de pharmacie
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PHARMACOLOGIE
- Écrit par Edith ALBENGRES , Jérôme BARRE , Pierre BECHTEL , Jean-Cyr GAIGNAULT , Georges HOUIN , Henri SCHMITT et Jean-Paul TILLEMENT
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Enfin, on peut réaliser des prodrogues – molécules en principe inactives qui doivent obligatoirement subir une biodégradation avant d'agir – soit pour protéger une molécule peu stable et augmenter ainsi son activité, soit pour la doter d'une certaine sélectivité d'action et en réduire la toxicité ou...