PRODUCTEUR DE MUSIQUE
La production musicale dans les années 1960
John Hammond
Dans la lignée de Milt Gabler et du classicisme promu par Atlantic, le New-Yorkais John Hammond est l’un des grands découvreurs de talent et producteur de l’histoire. Après avoir découvert Billie Holiday, avant Gabler et Count Basie au cours des années 1930, il travaille pour la marque Columbia au début des années 1960, où il signe et enregistre Aretha Franklin, Bob Dylan, Leonard Cohen, puis Bruce Springsteen. Il est également le premier à faire découvrir la musique africaine au grand public avec le percussionniste nigérian Babatunde Olatunji, qui sera largement imité par Serge Gainsbourg avec « Couleur café » en 1964.
Phil Spector et son mur du son
Disciple de Leiber & Stoller, Phil Spector (1939-2021) exacerbe le rôle de producteur musical. Au fil de son travail pour les Crystals ou les Ronettes, Phil Spector s’affirme comme l’un des producteurs les plus inspirés, le premier de sa profession à devenir une authentique vedette, grâce à son savoir-faire bien sûr, mais aussi grâce à sa jeunesse et à sa mégalomanie. Souvent imité, jamais égalé, son fameux « mur du son »illustre une nouvelle approche de la production. Il élabore des arrangements inédits, souvent excentriques, où les cuivres, les cordes et les percussions s’entrecroisent, toujours en monophonie.
Après avoir travaillé dans les studios new-yorkais d’Atlantic où il apprend notamment à écrire des chansons auprès de Leiber & Stoller, Phil Spector fonde à Los Angeles son propre label, Philles, en 1961, avant de produire les symphonies adolescentes les plus parfaites des années 1960. Il emploie les meilleurs musiciens et ingénieurs du son, à commencer par le batteur Hal Blaine, le génie de Spector résidant notamment dans sa faculté à tirer le meilleur parti de tous les participants de ses disques. Comme il le déclare alors : « J’imagine un son, un son si puissant que même s’il ne s’agit pas des meilleures chansons, le son suffirait à porter le disque. » Spector va révolutionner le traitement sonore de la production et utiliser le studio comme un instrument à part entière. Ike et Tina Turner, les Beatles puis John Lennon, Leonard Cohen ou les Ramones utiliseront par la suite ses services.
Dans le sillon de Phil Spector et de ses symphonies de poche monophoniques, Brian Wilson (né en 1942), le leader fantasque des Beach Boys, élabore de « véritables symphonies adolescentes adressées à Dieu ». Après la parution du chef-d’œuvre de son groupe Pet Sounds en 1966, Wilson commence à enregistrer les premières pistes instrumentales de « Good Vibrations » en février 1966. Il s’engage alors dans un défi solitaire et monomaniaque, celui de faire mieux que les Beatles, s’investissant corps et âme dans l’enregistrement de ce morceau. Pour cela, il engloutit une fortune dans cinq studios de Los Angeles. « Good Vibrations » devient le single le plus coûteux du monde lors de sa sortie au mois d’octobre 1966. Les Beach Boys et la pop quittent alors définitivement l’adolescence pour entrer dans l’âge adulte.
George Martin et ses disciples
Au même titre que Phil Spector, le producteur et compositeur britannique George Martin (1926-2016) invente la pop orchestrée, produisant la plupart des albums des Beatles comme les albums concept Sgt. Pepper'sLonely Hearts Club Band (1967) ou Abbey Road (1969). En Angleterre, les Kinks, les Pretty Things ou les Who s’inscrivent également dans cette mouvance consistant à produire des disques extrêmement homogènes qui racontent une histoire et ne sont plus uniquement une succession de singles.
Dans la lignée du studio d’Abbey Road, le producteur John Fry (1944-2014) crée à Memphis le studio Ardent, passionné par le son anglais et les techniques d’enregistrement les plus pointues de l’époque. Le groupe Big Star conjugue ainsi pop britannique et [...]
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Écrit par
- Florent MAZZOLENI : auteur
Classification
Médias
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