PRODUCTEURS DE L'EST, Amérique du Nord
L'Hopewellien au Sylvicole moyen (2250 B.P.-1550 B.P.)
Ce que les archéologues identifient comme l'Hopewellien (M. C. Hopewell était le propriétaire, à Chillicothe, d'un terrain de quarante-cinq hectares regroupant trente-huit tumulus entourés d'un enclos de pierre) n'est que l'amplification jusqu'au grandiose des caractéristiques de la culture d'Adena et de ses réseaux d'échanges. Il rayonnera au Sylvicole moyen depuis le golfe du Mexique jusqu'au nord des Grands Lacs, à l'intérieur de que les préhistoriens appellent la « sphère d'interaction hopewellienne ». Celle-ci s'articule autour de plusieurs colonies ou de foyers, comme celui de la tradition Havana, dans la vallée de l'Illinois, ou comme le site de Marksville, en Louisiane. Si cette société était encore plus fortement structurée et hiérarchisée que celle d'Adena, elle n'était pas centralisée. Les villages, saisonniers ou permanents, étaient plus grands et plus peuplés, mais aucun ne constituait un centre politique. La disparition des déformations crâniennes a fait croire, comme dans le Sud-Ouest, à l'arrivée d'une nouvelle population dolichocéphale remplaçant l'ancienne, qui semblait brachycéphale. Cette thèse est aujourd'hui pratiquement abandonnée et la continuité de peuplement, de mode de vie et de pratique culturelle entre les périodes d'Adena et de Hopewell semble évidente. Chasse et cueillette, en particulier des noix, priment toujours sur l'horticulture. L'analyse de la teneur en 13C des ossements humains, qui permet de déceler le régime alimentaire, confirme que le maïs, lorsqu'il fut cultivé, tenait peu de place dans la nourriture. L'installation des habitats au bord des cours d'eau s'explique moins par l'agriculture que par l'abondance du gibier à ces endroits : cerfs, petits mammifères, volailles, poissons et mollusques d'eau douce.
Les structures cérémonielles hopewelliennes s'enrichissent de longues avenues et de larges places. Les offrandes funéraires sont plus fastueuses et utilisent des matières premières exotiques témoignant de l'extension des réseaux d'échanges : chlorite, galène, argent, mica, carapaces de tortues marines, dents de requins, cuivre des Grands Lacs, obsidienne du Wyoming par exemple. Les feuilles de cuivre et de mica (une sépulture en contenait 3 000) sont découpées en forme d'animaux, de têtes, de mains ou de symboles géométriques comme la svastika. Des figurines en argile cuite représentent dans leurs costumes et leurs parures les différentes classes sociales, sans doute au nombre de trois.
L'effondrement du Hopewellien, vers 1600 B.P., n'a pas encore été expliqué de façon satisfaisante. Il est suivi de l'abandon des centres cérémoniels, donc des cultes et sans doute d'un affaiblissement de la cohésion sociale. Pourtant, la population semble augmenter, les habitats sont plus nombreux et le réseau d'échanges, en dépit de son morcellement au nord-est, permet la diffusion dans l'Est de la poterie assez uniforme du Sylvicole supérieur. L'arrivée de l'arc modifie les conditions de chasse alors que la pratique de l'agriculture régresse, en dépit de la diffusion de la culture du maïs dans tout le Sud-Est.
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Écrit par
- Patrick PLUMET : docteur d'État de l'université de Paris-I-Sorbonne, archéologue, professeur honoraire au département des sciences de la Terre et de l'atmosphère, université du Québec à Montréal
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Médias