PRODUCTEURS DE L'EST, Amérique du Nord
Les cultures mississippiennes du Sylvicole supérieur (± 1300 B.P.-450 B.P.)
Après avoir cherché dans l'Ancien Monde, puis au Mexique, l'origine des cultures mississippiennes, une évolution locale à partir d'un fond hopewellien est aujourd'hui assez généralement admise. Disposés autour de grandes places, les tumulus à plate-forme, surmontés de temples et de résidences de la classe dirigeante, ont une allure très méso-américaine, tout comme certains motifs décoratifs et symboliques. Mais aucun objet d'origine méso-américaine n'a été trouvé dans la vallée moyenne du Mississippi. Les vestiges mexicains comparables sont distants de 1 000 kilomètres au sud. Aucun indice ne permet de croire à des contacts directs. Si certaines plantes cultivées, comme le maïs et les haricots, ont sans doute une origine mexicaine, c'est par le Sud-Ouest que leur culture s'est diffusée. De petites sociétés, d'abord indépendantes et vivant de plus en plus d'agriculture le long du Mississippi, auraient progressivement mis en commun les ressources de niches écologiques variées. Elles auraient créé par leurs échanges un processus conduisant à une interdépendance croissante à mesure que la population augmentait. Les chefferies seraient donc apparues en même temps à différents endroits pour gérer les réserves et la complexité des échanges.
Les grands ensembles cérémoniels se développent vers 1300 B.P. d'abord dans la basse vallée du Mississippi, puis vers le nord, où s'édifie le plus imposant des États-Unis : Cahokia. Il s'étend sur plus de mille hectares et comprenait à l'origine plus de cent tumulus regroupés autour de plusieurs places. Le plus grand, qui mesure 316 × 241 mètres à la base, s'élève en trois terrasses jusqu'à trente-trois mètres de hauteur. À la différence des centres cérémoniels adenaïens et hopewelliens de l'Ohio, Cahokia était associé à une agglomération pouvant recevoir une population de trente mille personnes. Les plaines alluviales des alentours étaient exploitées depuis des villages, des hameaux et des fermes isolées. Une certaine centralisation et la forte hiérarchisation sociale sont attestées par les diverses structures d'habitation, d'entreposage, de culte, par les ensembles funéraires et par les constructions défensives.
Le Mississippien connaît son apogée vers les xiiie et xive siècles. Plusieurs grands centres analogues à Cahokia en témoignent, tels que Moundville dans l'Alabama, Etowa en Géorgie, Spiro dans l'Oklahoma. Un art original s'exprime dans la pierre, la céramique, le cuivre et les coquillages. Certaines pièces évoquent l'art des Olmèques et des Aztèques. L'utilisation de l'arc et de la flèche augmente l'efficacité des chasseurs et des guerriers. Le foret à archet, qui part du même principe que l'arc, permet le façonnage de perles de coquillages. Le déclin rapide du Mississippien, au début du xvie siècle, marqué par l'abandon des grands centres et de plusieurs régions de la moyenne vallée du Mississippi, n'est pas mieux expliqué que celui du Hopewellien. Une économie mixte, de chasse, de cueillette et d'horticulture subsista jusqu'à l'arrivée des Européens. Les Natchez, rencontrés par les premiers colons français de Louisiane et décrits à travers le prisme du romantisme par Chateaubriand, et par Delacroix dans son tableau Les Natchez, donnent une certaine idée des sociétés mississippiennes dont ils descendaient.
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Écrit par
- Patrick PLUMET : docteur d'État de l'université de Paris-I-Sorbonne, archéologue, professeur honoraire au département des sciences de la Terre et de l'atmosphère, université du Québec à Montréal
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Médias