PRODUCTEURS DU SUD-OUEST, Amérique du Nord
Le Mogollonien (± 2200-500 B.P)
Le Mogollonien s'est développé à partir du Cochisien, une formation de l'Archaïque du désert, dans les monts Mogollon, aux versants couverts de pins. Il s'étendit principalement au sud de l'Arizona et du Nouveau-Mexique, mais aussi dans l'État mexicain de Chihuahua et au nord-ouest du Texas. C'est l'influence du Hohokamien et de l'Anasazien qui semble avoir conduit les chasseurs collecteurs de ces montagnes à inclure le maïs cultivé comme ressource complémentaire du gibier et des plantes sauvages. Mais pour eux, la chasse restera importante plus longtemps que dans les autres régions du Sud-Ouest, en raison de la faune riche et diversifiée du milieu forestier. La grotte de Tularosa, au Nouveau-Mexique, a donné un bon échantillon de leurs ressources alimentaires sur près de 3 000 ans : quarante espèces de plantes, dont certaines médicinales, le cerf en abondance, le bison, le dindon et le rat musqué. Le coton cultivé apparaît à partir de 650 B.P. Les Mogolloniens tireront parti, pour l'agriculture, des apports naturels d'eau de pluie et de ruissellement plutôt que de l'irrigation, même si des vestiges d'aménagements hydrauliques moins perfectionnés que ceux de leurs voisins, tels que de petits barrages et des rigoles de détournement, ont été retrouvés.
À partir de 1300 B.P., le Mogollonien affiche nettement sa spécificité par rapport au Hohokamien. Le terrain de jeu de balle et la plate-forme cérémonielle sont inconnus. Les premiers villages sont constitués d'une quinzaine de maisons en fosses profondes, circulaires ou quadrangulaires, auxquelles on accède par une rampe. Quelques-uns incluent une maison de réunion, le grand kiva. Certains kivas, isolés, pouvaient servir à plusieurs villages. Très tôt, les habitats s'installent à l'extrémité de plateaux tabulaires, les mesas, dominant le fond des canyons dont les alluvions favorisent l'agriculture. Les hautes falaises assurent une défense naturelle, parfois sur trois côtés, complétée par un mur sur le quatrième côté, ce qui témoigne de l'existence de conflits, sans doute entre les premiers cultivateurs et les bandes qui pratiquaient encore uniquement la chasse et la collecte. Quelques agglomérations plus grandes comptent une cinqantaine de maisons, creusées dans le sol jusqu'à 1,50 mètre de profondeur, dont les murs, comme la toiture, sont en rondins et en terre. Des fosses d'entreposage existent aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Le kiva, beaucoup plus grand, peut avoir de 35 à 120 mètrescarrés. Ces grandes agglomérations sont parfois entourées d'une série de villages plus petits. Les morts étaient enterrés en position fléchie dans des fosses dispersées autour des villages. Plus tard, ils furent placés sous les habitations. Le mobilier comprend moins d'objets décorés que celui du Hohokamien et de l'Anasazien, mais la poterie y est particulièrement belle, en particulier celle à décors noir et blanc de la région des Mimbres. Elle sert de repère, ainsi que la forme des habitations, pour distinguer les différentes périodes et les faciès régionaux du Mogollonien. D'abord monochrome, brune ou rouge, la poterie s'enrichit, à partir de 1650 B.P., de décorations intérieures géométriques, puis naturalistes de plus en plus variées. À partir de 1250 B.P., une influence anasazienne, peut-être due à de nouveaux arrivants, se manifeste dans le Mogollonien. Elle se développe jusqu'à l'effacement des traits distinctifs de cette culture vers 850 B.P.
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Écrit par
- Patrick PLUMET : docteur d'État de l'université de Paris-I-Sorbonne, archéologue, professeur honoraire au département des sciences de la Terre et de l'atmosphère, université du Québec à Montréal
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Médias