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PROFIT

La difficulté, maintes fois soulignée, d'une définition du profit tient à trois types de raisons : en premier lieu, la non-concordance du point de vue du comptable (généralement dominé par le souci fiscal) et de celui de l'économiste (préoccupé par la recherche des causes expliquant l'apparition du profit) ; en second lieu, l'insuffisante distinction des aspects globaux et individuels du profit (les raisons qui expliquent la propriété qu'a une économie donnée de dégager un surplus au terme d'une période ne sont pas forcément celles qui expliquent qu'une unité de production parvienne, elle aussi, à dégager un surplus) ; en troisième lieu, une confusion parfois volontaire entre les causes rendant compte de l'apparition du profit et les causes expliquant son appropriation (là encore, le mode d'appropriation du profit ne peut être considéré comme l'inévitable prolongement du mode d'apparition de ce revenu).

Pourtant, la nécessité d'une définition correcte de la notion de profit se justifie aisément. Sur le plan théorique d'abord, elle paraît indispensable à l'élaboration d'une analyse générale de la répartition des revenus. Sur le plan pratique, ensuite, elle conditionne l'importance des systèmes de partage des fruits de l'expansion entre les salariés.

Devant l'abondance des définitions du profit, parfois divergentes et au mieux complémentaires, deux positions sont concevables.

On peut, d'une part, faire preuve d'un certain apriorisme en indiquant ce que doit être le profit. Certains estimeront, par exemple, que le profit est la sanction, dans l'entreprise, de l'acte de création. La définition ne souffre plus alors d'équivoque, mais elle ne peut, en aucune manière, rendre compte de ce que, dans la réalité, on appelle communément « profit ».

On peut, d'autre part, adopter une démarche opposée de type inductif. Dans ce cas, le profit apparaît sous des formes tellement diverses que la définition proposée, si elle prétend à l'exhaustivité, confine à l'insignifiance. On définira, tout au plus, le profit comme la variation positive d'actif net d'une unité économique durant une période donnée.

De toute manière, une simple définition ne saurait suffire à mesurer l'étendue d'une notion aussi complexe que celle de profit. L'examen des théories les plus connues visant à expliquer l'existence de ce revenu s'impose donc.

Les insuffisances des théories traditionnelles

Il est possible de distinguer dans les nombreuses théories du profit les explications spécifiques à ce revenu (qui sont donc des explications partielles) et les essais d'intégration de la notion de profit à une vision structurale du fonctionnement du système économique.

Les formes du marché

La théorie comme la pratique (cf. économie de marché, monopole) montrent qu'en situation de monopole, par exemple, les profits sont supérieurs à ceux qui naissent sur des marchés plus concurrentiels. Dès lors, ne suffit-il pas d'élaborer une théorie des marchés pour obtenir, en corollaire, une théorie rendant compte, à la fois, de l'apparition du profit, mais également de son maintien (les firmes existantes freinant l'apparition des firmes potentielles).

Cette interprétation explique effectivement l'existence de certains profits, mais elle n'indique pas pourquoi, sur des marchés de formes identiques, le profit subit de fortes variations selon la période, le lieu et la nature de la production. En outre, la théorie des marchés est plus une théorie des prix que du profit. Or, pour comprendre ce revenu, il ne suffit pas de connaître le mécanisme de formation des prix, il convient, de plus, d'expliquer l'aptitude des centres de décision à aménager un écart entre deux séries de prix, prix de ventes et coûts, qui[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences agrégé à la facul-té de droit et des sciences économiques de Nice, directeur du département des techniques de commercialisationde l'Institut universitaire de technolo-gie de Nice.

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