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PROFIT

Indicateur de succès

Le fait de considérer le profit comme un indicateur de succès est une caractéristique importante, puisqu'elle s'est retrouvée aussi bien dans les régimes socialistes que capitalistes.

Dans les régimes socialistes, le profit a toujours existé. Mais longtemps il ne s'est agi que d'un profit planifié provenant d'un système de prix strictement fixé. Or, à partir de 1964, sous l'influence notamment du professeur Liberman, les économistes soviétiques insistèrent sur le fait que le passage d'une économie dont la production est principalement axée sur la fabrication des biens d'équipement à une économie produisant de plus en plus de biens de consommation ne s'opère pas sans difficultés. En particulier, le respect de la norme planifiée n'est plus apparu comme un indicateur suffisant d'efficacité économique et c'est à ce titre qu'il a semblé souhaitable de réintroduire la notion de profit. Cette réintroduction n'impliquait nullement une convergence des idéologies socialiste et capitaliste, mais seulement un certain rapprochement des modes de gestion économique.

Ce que l'on a pu constater dans le système collectiviste se trouve a fortiori vérifié dans le système capitaliste. L'obtention d'un profit apparaît, avant tout, pour une unité de production, comme le signe d'une bonne gestion. Ce revenu est analysé comme le résultat d'une action se déroulant dans un univers incertain. On retrouve là, mais sous une forme différente, les idées relatives à l'incertitude. Cette dernière n'explique plus le profit ; elle devient une dimension que doit traiter le preneur de décision, au même titre que le temps ou l'espace (à noter l'influence des idées de Debreu sur la définition de la valeur des biens).

Cette optique a pour avantage une extension de la théorie stricte du profit à la théorie plus large de la décision génératrice de profit.

La théorie de la décision oscille entre deux directions. La première se caractérise par un certain normativisme. L'objectif de la décision est généralement la maximation du profit. Le calcul emprunte la voie probabiliste avec tous ses raffinements (recours aux probabilités subjectives, analyse bayésienne ; cf. probabilité subjective). Bref, s'élabore tout un corps de principes ayant pour but de donner un contenu objectif à la rationalité, c'est-à-dire visant à préciser la cohérence des moyens (calcul probabiliste) par rapport aux fins (maximation du profit).

La seconde direction de cette théorie est la voie descriptive. Elle est fondée sur l'idée que la décision d'affaire est essentiellement caractérisée par son unicité ; une situation donnée ne se reproduisant jamais identique à elle-même, le calcul probabiliste ne peut être d'aucun secours. La théorie vise alors à la compréhension des décisions réelles. Celles-ci sont généralement analysées comme un processus de rétrécissement progressif de l'attention sur un petit nombre de cas jugés vraisemblables et sur lesquels le choix s'exercera effectivement. La motivation n'est plus forcément et seulement la maximation du profit. L'entrepreneur peut, par exemple, se contenter de rechercher un niveau de profit qu'il juge satisfaisant.

En réalité, l'opposition des schémas explicatif et normatif ne peut être absolue et une synthèse de ces deux points de vue semble s'amorcer.

Indicateur de puissance

Dire que le profit est un indicateur de succès revient à admettre qu'il rémunère un traitement correct de l'avenir incertain par l'unité de production. Ce point de vue implique aussitôt que les unités qui se trouvent le mieux placées pour réaliser ce traitement sont également celles qui percevront le profit. À ce titre, le profit peut bien être considéré comme un indicateur de puissance.[...]

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Écrit par

  • : maître de conférences agrégé à la facul-té de droit et des sciences économiques de Nice, directeur du département des techniques de commercialisationde l'Institut universitaire de technolo-gie de Nice.

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