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PROGRAMME DE TRANSITION

Rédigé par Trotski, le Programme de transition sert de base politique à la conférence de fondation de la IVe Internationale en septembre 1938 ; trente délégués, représentant dix pays dans lesquels ils sont dénoncés tant par les socialistes réformistes que par les communistes staliniens, approuvent ce texte, intitulé L'Agonie du capitalisme et les tâches de la IVe Internationale. Programme de transistion. Ce texte avait été préparé par l'adoption de textes politiques élaborés par les groupes trotskistes belge et français. Partant de l'expérience de l'Opposition de gauche russe, et tirant les leçons de son échec, Trotski voulait, sentant venir la guerre, à la fois maintenir le lien avec le marxisme révolutionnaire des débuts de la IIIe Internationale et, dénonçant la « trahison » des dirigeants de l'Internationale communiste, définir une stratégie politique pour les révolutionnaires. La rupture avec les dirigeants soviétiques intervient en janvier 1933, après l'accession de Hitler au pouvoir et l'écrasement du mouvement ouvrier allemand. À partir de cette date, les groupes trotskistes cessent de combattre pour un redressement de l'Internationale communiste, et Trotski affirme que la victoire nazie est à la IIIe Internationale ce que le 4 août 1914 et le vote des crédits de guerre par les députés socialistes avaient été à l'Internationale socialiste : « La classe ouvrière allemande se relèvera, le Parti communiste allemand, jamais. » Dès lors, une nouvelle Internationale s'impose ; il faudra près de cinq années pour que celle-ci se crée.

Le Programme de transition se réfère à la « thèse sur la tactique » formulée par le IIIe congrès de l'Internationale communiste : « À la place du programme minimum des réformistes et des centristes, l'Internationale met la lutte pour les besoins concrets du prolétariat, pour un système de revendications qui organisent le prolétariat et constituent les étapes de la lutte pour la dictature du prolétariat. » Le Programme définit donc les trois secteurs où se prépare la révolution socialiste : les États capitalistes avancés ; les pays coloniaux ; l'U.R.S.S., en tant qu'« État ouvrier dégénéré ». La société capitaliste a perdu sa stabilité historique, et la conquête du pouvoir par les masses laborieuses est une tâche prioritaire ; plus que jamais est actuelle l'alternative de Marx : socialisme ou barbarie. Il faut donc mettre en place une succession de revendications et de moyens d'action qui viseront à élever la conscience politique du prolétariat. D'abord dans le cadre de la lutte de classe quotidienne : grèves et protection de celles-ci par des piquets tendant à se transformer en milices ouvrières ; échelle mobile des salaires ; contrôle des prix par des comités ouvriers ; réorganisation et planification de l'économie par le moyen du contrôle ouvrier. Face à la guerre toute proche, le Programme reprend les mots d'ordre léninistes de 1914-1918 : défaitisme révolutionnaire et transformation de la guerre impérialiste en guerre civile. Enfin l'U.R.S.S., considère-t-il, est dirigée par une couche bureaucratique, mais sa base économique reste collectivisée ; aussi une révolution politique est-elle devenue nécessaire pour renverser cette couche usurpatrice. Cette série de mots d'ordre doit déboucher sur une revendication centrale : un gouvernement ouvrier et paysan, conduisant à terme à la dictature du prolétariat. Résumé de la lutte des marxistes révolutionnaires contre le révisionnisme stalinien triomphant des années 1930, le Programme de transition reste de nos jours le texte de référence de tous les groupes trotskistes.

— Paul CLAUDEL

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