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PROMÉTHÉE DÉLIVRÉ, Percy Bysshe Shelley Fiche de lecture

Mythe et mystique romantiques

Dans le dernier acte, triomphe la vision panthéiste, presque animiste, de Shelley qui substitue au polythéisme des Grecs sa croyance aux esprits : les esprits ailés du Temps et de la Pensée, les montagnes et les tempêtes, l'Océan, la Terre et les astres participent de l'Un, c'est-à-dire du Tout. La communion avec l'« Un-Tout » consomme la défaite du principe d'individuation, à l'origine de la Chute. De là peut surgir une contradiction entre la dimension humanitaire du mythe shelleyen et son aspect mystique, lequel porte en germe la dissolution du moi, sa disparition au sein de la Nuit désirée. L'aspiration passionnée à s'abîmer dans l'au-delà est-elle encore compatible avec la glorification de l'homme nouveau tel que l'apocalypse shelleyenne l'envisage ?

L'auteur du Prométhée entendait présenter « de magnifiques idéaux de perfection morale » à ses lecteurs, dans l'espoir que ceux-ci mèneraient un jour le combat contre les « tenants de l'injustice et de la superstition ». Aucune autre œuvre du romantisme anglais ne consacre aussi puissamment le pouvoir prophétique et orphique du verbe poétique, seul à même de fonder en réalité les désirs et les utopies du poète. En une expression intensément lyrique s'incarne l'idée, chère à Shelley, selon laquelle les poètes, conçus comme les « législateurs du monde », ont pour tâche de hâter les grandes transformations de la société.

— Marc PORÉE

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Écrit par

  • : professeur à l'université de Paris-III-Sorbonne nouvelle

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Média

Percy Shelley - crédits : Gustavo Tomsich/ Corbis/ Getty Images

Percy Shelley