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PROPHÈTES D'ISRAËL

Le prophétisme classique

La tradition biblique accorde à Abraham(Gen., xx) et à Moïse (Os., xii ; Deut., xviii) le titre de prophète (pour la théologie judéo-chrétienne, ils inaugurent la successio prophetica) et rappelle ainsi le lien qui existe entre le mouvement prophétique et la période qui a précédé l'entrée du peuple de Yahvé en Canaan. Mais c'est sur sa terre qu'Israël verra se développer le prophétisme, d'abord avec Nathan à l'époque de David, au xie siècle (II Sam., vii et xii), et surtout avec Élie, au temps d'Achab, au ixe siècle (I Rois, xvii à II Rois, ii). Ce dernier brave le pouvoir et défend à peu près seul les droits du yahvisme en Israël ; sa figure quasi légendaire impressionnera les générations suivantes, lesquelles feront de lui le prophète par excellence qui doit revenir à la fin des temps (Malachie, iii).

À partir du viiie siècle, le prophétisme biblique atteint son apogée : Yahvé adresse à son peuple, qui court au-devant de la catastrophe, une série de messagers qui ont chacun leurs antécédents, leur style, leur personnalité, mais qui visent tous à replacer Israël devant sa présence immédiate.

Amos est le plus ancien des « prophètes écrivains » : originaire de la campagne, au sud de Jérusalem, il intervient dans le royaume du Nord, dirigé par Jéroboam II, dans la première moitié du viiie siècle. Le pays connaît à cette époque un temps particulièrement faste, surtout sur le plan politique et économique, mais la prospérité du royaume de Samarie conduit certaines grandes familles du pays à abuser de leurs privilèges au détriment du petit peuple. Amos stigmatise en termes cinglants les comptes frauduleux, les affaires louches, les jugements iniques ; il prend le parti des pauvres au nom de Yahvé et condamne l'appétit des riches, la mollesse du clergé, un culte abondant, mais hypocrite (Am., iv-vii). Rejetant les idées reçues par ses contemporains, il dénonce les illusions d'une nation qui se croit élue par Yahvé et attend son heure de gloire (Am., iii et v). Il annonce les ténèbres, il dit la fin d'Israël et entonne déjà l'élégie à son sujet (Am., v et viii). Une atmosphère de mort se dégage de ses oracles brefs et incisifs : le « jour de Yahvé » est imminent, il apporte la panique et la ruine, parce qu'Israël n'a pas entendu la plainte de la veuve et de l'orphelin et a piétiné le droit des petits. Amos est pour tous les temps le témoin de la justice divine, car il n'a pas hésité à proclamer : périsse le peuple de Yahvé plutôt que le droit des « pauvres de Yahvé ».

Osée, un peu plus tard mais également dans le royaume du Nord, se heurte à un autre problème, bien qu'il ait aussi réprouvé la corruption sociale de son époque (Os., iv). En s'installant en Canaan, les Israélites ont découvert les divinités du pays, les Baals et les Astartés, dont les Cananéens attendent la fertilité et la fécondité. Peu à peu, un partage s'est opéré dans la mentalité religieuse du peuple de Dieu entre Yahvé, le Dieu des pères, et les Baals ; le premier a sans doute arraché les Hébreux à l'esclavage d'Égypte, mais il séjourne au désert, alors que les seconds vivent dans le pays où leur bienveillance est quotidiennement nécessaire. Osée combat énergiquement ce syncrétisme qui menace la foi yahviste ; pour lui, il ne saurait y avoir de compromis entre Yahvé et les Baals : Israël doit tout à celui-là et rien aux autres, dans le présent et l'avenir comme dans le passé. À la différence des Récabites (Jér., xxxv), qui adoptent une attitude réactionnaire et refusent de reconnaître le fait qu'Israël ne vit plus dans le désert, mais en Terre promise, Osée propose une solution originale et audacieuse, qu'il a peut-être découverte dans l'histoire étrange et tumultueuse de son mariage (Os.,[...]

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