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ANALYTIQUE PROPOSITION

Le mot « analytique » a au moins trois sens.

1. Au sens large, une proposition est dite analytique si elle est vraie en vertu de la signification des termes qu'elle contient. La simple considération des significations suffit à donner l'assurance de sa vérité. À ce sens se rattachent le nominalisme de Hobbes, pour qui la vérité nécessaire est telle qu'une proposition analytique est vraie en vertu de conventions linguistiques, mais aussi la position de Russell : la proposition analytique est vraie a priori, elle porte sur l'universel, c'est-à-dire sur des significations.

2. Chez Aristote, le prédicat des propositions analytiques est rattaché au sujet par un lien interne. Selon Leibniz et Kant, une proposition analytique est une tautologie, un exemple de la loi de non-contradiction, sa négation constituant une contradiction explicite. Mais, si pour Leibniz toute vérité est analytique et se laisse ramener à l'identité (aussi bien les vérités de fait que les vérités de raison), Kant distingue, parmi les jugements susceptibles de vérité, les jugements analytiques et les jugements synthétiques : « Les jugements sont analytiques quand la liaison du prédicat au sujet y est pensée par identité [...], quand le prédicat appartient au sujet comme quelque chose qui est contenu implicitement dans son concept. » Ce sont « des jugements explicatifs qui n'étendent pas nos connaissances », à la différence des jugements synthétiques dont le prédicat n'entre pas dans la compréhension du sujet.

3. Pour Frege, Wittgenstein et les logiciens modernes, une proposition analytique est une vérité de la logique ou est réductible à une vérité de la logique à l'aide de définitions. Pour établir la preuve d'une proposition analytique, il suffit d'une double référence aux significations et aux lois logiques générales.

On notera la coïncidence habituelle des distinctions : analytique/synthétique, a priori/empirique, nécessaire/contingent. Selon Kant, l'existence de jugements synthétiques a priori est une condition de possibilité des sciences : grâce à eux, la connaissance progresse tout en revêtant les propriétés de l'universalité et de la nécessité. Mais, pour les modernes, en particulier pour les néo-positivistes, il n'y a pas de jugement synthétique a priori : toute proposition valide a priori est analytique, c'est-à-dire que sa vérité ne dépend que des propriétés du langage ; une nette distinction est maintenue ici entre l'aspect analytique de ce qui vient du langage et l'apport synthétique de la sensation.

— Françoise ARMENGAUD

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Écrit par

  • : agrégée de l'Université, docteur en philosophie, maître de conférences à l'université de Rennes

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