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PROSTITUTION DANS L'ANTIQUITÉ

Beautés factices, beautés divines

Dans l’Antiquité, une des conditions pour réussir dans le métier est la beauté. Elle se mesure selon des critères précis : il s’agit avant tout de conserver ou d’imiter l’aspect de la jeunesse du corps, notamment par l’épilation et le soin de la peau. Le maquillage, les parfums, les bijoux, les tuniques transparentes ou colorées, les talons hauts, les soutiens-gorge, les divers postiches sont des artifices couramment utilisés. Par ailleurs, la maîtrise de la gestuelle, des instruments de musique (lyre, aulos ou flûte) ou l’habileté aux jeux de balle mettent en valeur la beauté corporelle.

En outre, que ce soit pour demander de l’aide dans leurs affaires ou pour remercier de la prospérité advenue, les hommes ou femmes prostitués impliquent les divinités dans leurs activités, en déposant de nombreuses offrandes dans les sanctuaires. Rhodopis (« Œil de rose »), une prostituée, esclave affranchie originaire de Thrace et installée au vie siècle avant J.-C. en Égypte, consacre d’immenses broches en métal au sanctuaire d’Apollon à Delphes. C’est grâce aux revenus de son métier qu’elle a pu effectuer ces riches offrandes, devenues célèbres dans le monde antique.

Pour autant, l’Antiquité classique n’a pas connu ce que l’on appelle la « prostitution sacrée », c’est-à-dire la sexualité vénale organisée par les sanctuaires et pour leur bénéfice. Si la cité de Corinthe compte un grand nombre d’hommes et femmes prostitués (mille selon l’historien grec Strabon), ce n’est pas dû à son sanctuaire d’Aphrodite mais bien plus à l’attractivité de son port. Le culte d’Acca Larentia, dont Plutarque (Vie de Romulus, chapitre 4, paragraphe 4) dit qu’elle était une prostituée (lupa) et la nourrice (louve, lupa) de Remus et Romulus, les fondateurs légendaires de Rome, ne donne lieu à aucun rituel sexuel. Les bacchanales, fêtes religieuses célébrées en l’honneur de Bacchus dans le monde romain, sont interdites par le Sénat romain en 186 avant J.-C. parce qu’elles contreviennent aux hiérarchies sociales en associant hommes et femmes, jeunes et vieux, esclaves, affranchis et citoyens dans des fêtes communes célébrant l’abandon de soi. Elles n’ont en revanche aucun lien avec la prostitution, ni profane, ni « sacrée ».

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Écrit par

  • : professeure des Universités en histoire ancienne, université de Paris-I-Panthéon-Sorbonne, directrice de l'UMR 8210 Anthropologie et histoire des mondes antiques

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Média

Graffiti érotique de Pompéi, I<sup>er</sup> siècle. - crédits : Erich Lessing/ AKG-images

Graffiti érotique de Pompéi, Ier siècle.