Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PROSTITUTION EN EUROPE (HISTOIRE DE LA)

La municipalisation de la prostitution à l’époque moderne

Un certain relâchement de la morale permet à partir du xive siècle l’encadrement et l’organisation de la prostitution par les municipalités. Ainsi se met en place une forme de reconnaissance, voire d’acceptation, du commerce sexuel. Cette municipalisation (1350-1560) circonscrit des lieux prostitutionnels : quartiers et surtout un espace fermé appelé prostibulum. Mais ce dernierne provoque pas la fin espérée des maisons privées – les bordels. Cette époque, dominée par la volonté de réguler la prostitution par l’encadrement, s’achève en Europe entre le début du xvie siècle et le premier tiers du xviie siècle, avec la suppression de ces lieux devenus des foyers syphilitiques. À cet argument sanitaire s’ajoute les justifications morales brandies par la Réforme protestante et la Contre-Réforme catholique, mais aussi par les autorités soucieuses d’affirmer leur pouvoir. Si certains bordels municipaux échappent à ce mouvement, devenant de factotolérés, le quotidien des filles publiques, majoritairement des milieux les plus pauvres, en pâtit lourdement. Pourchassées, elles subissent le grand renfermement, analysé par Michel Foucault, qui vide la rue et remplit les prisons et hôpitaux, telle que la Salpêtrière à Paris qui, depuis l’ordonnance de Louis XIV de 1684, associe une répression intransigeante à des sermons moraux promus par l’Église qui multiplie, elle, les maisons de repenties. Une telle démarche repose sur la conviction qu’il existe une séparation entre le corps, au sexe débridé, et l’âme, qui peut être sauvée. La société du xviiie siècle se montre plus indulgente à l’égard de la prostitution, mais la monarchie, à travers des punitions, impose sa morale qui entrave la liberté de chacun et délimite le permis et l’interdit. La Révolution, référence pour l’ensemble de l’Europe, condamne la prostitution, passible de prison à partir de 1791, par une lecture politique de la vertu qui postule la liberté indissociable des bonnes mœurs, ignorées de l’aristocratie « dépravée ». Et la Terreur d’organiser des rafles de prostituées.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification